Le puissant leader chiite irakien Moqtada al-Sadr a annoncé, lundi 29 août, son « retrait définitif de la politique et la fermeture des institutions liées à son mouvement ». Une déclaration qui intervient alors que le pays connaît une grave crise politique et qui a déclenché la colère de ses partisans.
« J'avais décidé de ne pas m'immiscer dans les affaires politiques. J'annonce donc maintenant mon retrait définitif » de la politique, a écrit Moqtada al-Sadr sur Twitter.
Une annonce qu'il faut prendre avec précaution, car Moqtada al-Sadr est rompu aux coups d'éclats, il nous a habitués aux retournements de situation. Il a, dans le passé, annoncé qu'il ne se présentait pas aux élections, pour changer d'avis peu de temps après. Il faudra donc voir si cette annonce se concrétise.
Dans son message sur Twitter, Moqtada Sadr explique qu'il est davantage un leader religieux qu'un leader politique. Il s'est immiscé dans la vie politique, dit-il, pour tenter de remettre le pays sur les rails, pour aider son peuple.
L'Irak connaît une grave crise économique, sociale et politique. Il n'y a pas de gouvernement depuis les dernières élections législatives d'octobre 2021 que les sadristes avaient remportées. La situation s'est tendue ces dernières semaines lorsque le Cadre de la coalition, un mouvement chiite rival, a proposé un Premier ministre qui déplaisait à Moqda al-Sadr.
Ce dernier a réclamé la dissolution du Parlement et l'organisation de nouvelles élections. Il a aussi envoyé ses partisans dans la rue.
Les sympathisants du chef religieux et politique « sont entrés dans le palais de la République », situé dans l’ultra-sécurisée Zone Verte dont les entrées ont été fermées. Dans Bagdad, plusieurs milliers de sadristes se dirigeaient vers cette enceinte du centre-ville, où le président reçoit habituellement des hôtes de marque.
Quinze partisans de Moqtada al-Sadr ont été tués et 270 autres blessés, ont indiqué des sources médicales à l'AFP, sans plus de précisions sur les circonstances. Des témoins ont fait état d'échanges de tirs entre sadristes et partisans du Cadre de coordination, rival pro-Iran du camp de Moqtada al-Sadr aux entrées de la « zone verte ». Selon des sources sécuritaires, au moins sept obus de mortiers sont également tombés sur la zone ce lundi soir.
Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
L'armée a décrété aussi un couvre-feu national qui est entré en vigueur à 16h00 GMT, et les forces de l'ordre ont quadrillé la capitale.