Vladimir Poutine décrète «une mobilisation militaire partielle» en Russie
Alors que les forces ukrainiennes mènent une vaste contre-offensive depuis plusieurs semaines, Vladimir Poutine s’est exprimé dans une allocution télévisée, mercredi. Il a annoncé une « mobilisation militaire partielle.
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Nicolas Tenzer : On l’a vu déjà depuis quelques semaines et même depuis le début des opérations, l’armée russe est extrêmement fragile. Elle a essuyé des défaites considérables. Elle a perdu, vraisemblablement, plus de 50 000 hommes. Ce qui veut dire, en plus, 150 000 blessés. Donc, des unités entières ne sont plus capables de combattre. Là, elle cherche à faire, en quelque sorte, les fonds de tiroirs. Elle est déjà allée chercher un certain nombre de personnes dans les prisons pour en faire des soldats improvisés. Dans les hôpitaux psychiatriques et même des personnes âgées de plus de 50 ans, pas nécessairement très aptes à combattre. Et là, effectivement, il y a cette mobilisation partielle, tout simplement parce qu’il n’y a plus de soldats, il n’y a plus d’armée. Et on sait aussi qu’avec cette mobilisation partielle, cela ne va pas résoudre le problème parce qu’il faut quand même entraîner et former les soldats. Et ça, l’armée russe, aujourd’hui est tout aussi incapable de le faire.
Si ces quatre régions sont annexées dans les jours ou dans les semaines qui viennent, qu’est-ce que cela va changer concrètement sur le terrain en Ukraine ? On imagine que toute attaque sur le Donbass, par exemple, sera considérée comme une attaque sur le territoire russe…
Concrètement, ça ne change rien parce qu’elles ne sont pas annexées légalement donc juridiquement cela ne vaut absolument rien. Deuxièmement, cela peut être le narratif du Kremlin qui dit maintenant que c’est le territoire national qui est sanctuarisé et que cela peut entraîner une riposte massive. On a vu quand même, il y a à peu près un mois, les Ukrainiens frapper la Crimée qui avait été annexée pareillement, sans aucune réaction russe. Donc, Poutine essaie toujours d’effrayer tout le monde et fait monter les enchères. Il menace le monde d’un cataclysme nucléaire – et c’était déjà le cas avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Il faut surtout arrêter de croire en ses lignes rouges et il faut les faire éclater, les pulvériser. Le sujet aujourd’hui, c’est comment l’Ukraine va pouvoir reconquérir l’intégralité de son territoire, c’est-à-dire le Donbass, les régions du Sud qui sont encore occupées et la Crimée. Pour cela, il faut l’aider, avec toutes les armes possibles pour le faire et il ne faut surtout pas se laisser intimider par ce genre de déclaration.
Les Occidentaux ont dénoncé fermement ces référendums, hier, à la tribune de l’ONU. Les Occidentaux et même Recep Tayyip Erdogan, le président turc, l’un des médiateurs de ce conflit qui parle aussi bien à Kiev, qu’à Moscou. Est-ce un signe d’isolement de la Russie ?
La Russie parait de plus en plus isolée. On l’a même vu au sommet de Samarcande avec des déclarations pour le moins critiques du président indien, voire du chinois. On a vu aussi, lors du vote de l’Assemblée générale de l’ONU, pour savoir si monsieur Zelensky pouvait s’exprimer en vidéo, ce qui n’est pas coutume. Et on a vu que la plupart des pays – même une très grande majorité, puisqu’il n’y a que quelques États comme la Syrie ou l’Érythrée qui ont voté contre le fait que Zelensky parle – ont finalement accepté, y compris les anciennes républiques [soviétiques] d’Asie centrale qui commencent de plus en plus à voir que Moscou, d’abord, n’est pas un garant, mais surtout, n’est pas un partenaire viable. Donc, oui, la Russie est de plus en plus isolée et, Erdogan, on le sait, les soutient. Il donne quand même des drones à l’Ukraine. Personne ne va reconnaître ces référendums, c’est évident.