« La ministre de l’intérieur, [Nancy] Faeser, a décidé aujourd’hui de démettre de ses fonctions avec effet immédiat le président de l’agence allemande de cybersécurité, Arne Schönbohm », a déclaré un porte-parole du ministère dans un courriel à l’Agence France-Presse.
Depuis plus d’une semaine, M. Schönbohm était sur la sellette en raison d’articles de presse relatant sa proximité avec une association de conseil en cybersécurité, elle-même soupçonnée de contacts avec des services de renseignement russes.
Ces allégations « ont définitivement endommagé la confiance nécessaire du public en la neutralité et l’impartialité » du président de la plus importante autorité de cybersécurité d’Allemagne, a déclaré le porte-parole du ministère.
Une « influence » russe pas totalement établie
Agé de 53 ans, M. Schönbohm, en fonctions depuis février 2016, avait été choisi par le gouvernement de l’ancienne chancelière Angela Merkel. La nomination de cet ancien manageur du groupe aéronautique franco-allemand EADS avait été alors l’objet de critiques, notamment par les Verts, aujourd’hui au gouvernement.
Depuis plus d’une semaine, M. Schönbohm est mis en cause en raison de ses liens avec une association baptisée « Cyber-Sicherheitsrat Deutschland » (Conseil allemand de cybersécurité), qu’il a cofondée en 2012. Elle conseille les entreprises, agences gouvernementales et responsables politiques sur les questions de cybersécurité. Parmi ses membres, elle compte la société Protelion, filiale de l’entreprise de cybersécurité russe OAO Infotecs qui, selon les informations du réseau de recherche Policy Network Analytics, a été fondée par un ancien collaborateur du KGB, les services de renseignement russes du temps de l’URSS.
Mardi, M. Schönbohm a assuré au magazine Der Spiegel qu’il ne savait pas « ce que le ministère a vérifié et quelles sont les allégations concrètes » le visant. Il affirme avoir, pour cette raison, lui-même demandé à faire l’objet d’une procédure disciplinaire.
Dans un précédent article, le Spiegel avait jugé « pour le moins douteux que Protelion joue vraiment un rôle important dans l’architecture de cybersécurité allemande », se demandant si les critiques visant le responsable n’étaient pas « une opportunité bienvenue pour le gouvernement » de changer la direction du BSI.
Le Monde