L’économie est la priorité des priorités citées par les électeurs. À peine remis de la pandémie et du chômage qu’elle a fait exploser, les Brésiliens ont été étranglés par l’inflation. Dans l’un des pays les plus inégalitaires au monde, l’envolée des prix a été un cataclysme. Grâce à l’action précoce de la Banque centrale, et grâce à des coups de pouce budgétaires avec la suspension d’un certain nombre de taxes sur les hydrocarbures, la pression est fortement redescendue, l’inflation est en décrue depuis le mois d'avril. Elle est encore à 7%. Et manger à sa faim reste un souci majeur pour 15% des Brésiliens en insécurité alimentaire, ils n'étaient que 4% en 2010, quand Lula a quitté le pouvoir. Il a promis de renforcer les aides sociales mises en place par son prédécesseur et d'effacer une partie des dettes accumulées pendant la pandémie.
Deuxième défi pour le président : renouer avec la croissance
Et faire en sorte que ses fruits soient mieux partagés. Parce que le Brésil d’avant le Covid, était déjà un géant assoupi, encalminé dans une croissance atone, bien trop faible pour redistribuer la richesse créée à une population en forte hausse : 0,3% de croissance annuelle en moyenne depuis dix ans, c’est deux fois moins que le rythme de croissance de la population. D’où cet appauvrissement, ce déclassement que ressentent les ménages. Après avoir reculé pendant la présidence de Lula, au début des années 2000, les inégalités ont explosé au cours des dix dernières années. Entre les riches et les pauvres, mais aussi entre les habitants du Sud et ceux du Nord. Ceux du Nord-Est gagnent deux fois moins bien leur vie que ceux du Sud-Est, et ils sont deux fois plus exposés au risque de chômage. Les inégalités sont aussi très fortes face au chômage. Les femmes et les gens de couleur en souffrent beaucoup plus que les hommes blancs.
Quelles sont les politiques préconisées pour réduire les inégalités et doper la croissance du Brésil ?
Améliorer l’éducation, réformer l’État en le rendant plus efficace, réformer une fiscalité souvent défavorable aux affaires, sont les chantiers de longue haleine régulièrement cités par les économistes. Ces sujets de fond n’ont pas été abordés pendant la campagne. Lula a invoqué ses mandats passés qui correspondent à une ère de prospérité, le seul moment où les inégalités ont reculé. Mais il ne pourra pas appliquer les mêmes recettes, car entre-temps, le Brésil s'est fortement endetté. Sa marge de manœuvre budgétaire est donc beaucoup plus limitée et le contexte mondial est très différent. Le boum des matières premières n'est plus d'actualité en 2022.
Car la force du Brésil, ce sont toujours ses ressources naturelles
L'industrie qui pourvoyait des emplois bien payés est en déclin depuis trente ans. L'agrobusiness, chouchouté par Jair Bolsonaro, les minerais, le pétrole, sont les principaux moteurs du commerce extérieur. Réorienter l'économie vers des activités mieux rémunérées, plus créatrices d'emplois, est une nécessité. Pour y parvenir, il faut attirer les investisseurs en commençant par défendre l'environnement et la forêt amazonienne. C'est l'engagement pris par Lula. Dans l'immédiat, il devra surtout réconcilier le pays pour pouvoir gouverner, légiférer. Car le système politique brésilien, où les régions et le Congrès sont des contre-pouvoirs considérables, est l'un des principaux freins au changement.
RFI