G20: le communiqué final dominé par la guerre en Ukraine
Selon le projet de communiqué final, « la plupart des pays membres », réunis lundi à Bali, dénoncent les répercussions négatives de ce conflit à l'échelle mondiale. Le mot « guerre » est utilisé, au grand dam de Moscou qui continue de parler d'une « opération militaire spéciale ».
Table of Contents (Show / Hide)
Le G20, qui se clôt ce mercredi 16 novembre, émettra-t-il un texte fort incluant clairement le grand enjeu géopolitique et économique de l'année : l'invasion de l'Ukraine par la Russie ? C'est l'espoir des négociateurs français et européens à quelques heures de la fin de l'événement.
Le Point a obtenu, et confirmé par des sources européennes, la version acceptée par les « sherpas », les représentants des chefs d'État en charge de la négociation, dont la Russie. À l'article 3, cette version, en principe définitive, consacre un épais troisième point, juste après les propos préliminaires, à la question ukrainienne. Les observateurs n'étaient pourtant pas optimistes sur la possibilité d'arriver à une déclaration commune sur le sujet.
Dans une version préliminaire, communiquée par une source française, le texte se contentait de parler de « beaucoup de membres ». La mention de « la plupart des membres » permet, au final, d'exprimer l'avis d'une majorité des chefs d'État et de gouvernement G20. Tout en laissant entendre qu'une minorité de membres se refuse encore à condamner Moscou – comme la Chine, l'Inde ou l'Indonésie.
Condamnation du chantage à l'arme nucléaire
Le communiqué rappellera aussi la condamnation de l'agression russe par la résolution ES-11/1 du 2 mars 2022 qui « déplore dans les termes les plus vifs l'agression de la Fédération de Russie contre l'Ukraine et exige son retrait complet et inconditionnel du territoire ukrainien ». La charte de l'ONU est rappelée au point 4, avant un très sévère avertissement contre le chantage à l'arme nucléaire de Vladimir Poutine : « L'emploi ou la menace de faire usage d'armes nucléaires sont inadmissibles. »
Sauf pour ce dernier point, les formulations n'engagent pas en tant que telle la parole commune de tous les membres du G20 et se résument à des rappels factuels. Le G20 lui-même ne condamne pas la guerre. Chinois et pays émergents pourront sauver la face en rassurant le Kremlin sur le fait qu'ils ne se sont pas ralliés à un front uni contre la guerre sous leadership occidental.
Pour les Occidentaux, la mention de la guerre en des termes aussi forts est cependant célébrée comme une petite victoire. L'Élysée se félicite, par exemple, d'un « bon langage ». « C'est du langage introduit par les négociateurs français », précise-t-on même dans les équipes venues de Paris. Le résultat de « cinq jours de négociation » et de « mois de travail » auprès des pays du Sud.
Ce serait, à leurs yeux, la « première fois qu'un langage pareil est accepté » lors d'un G20 sur un sujet géopolitique davantage qu'économique. En 2013, à Saint-Pétersbourg, où la guerre en Syrie s'était déjà invitée à l'agenda, les mentions avaient été beaucoup plus timides. Les Russes auraient, cette fois, été contraints à un dilemme difficile : s'isoler en refusant de signer ou en imposant un caveat (une réserve) en note, ou s'effacer. S'ils ne protestent pas lors de la dernière session, en début d'après-midi à Bali, ils se retrouveront donc à signer eux-mêmes un texte admettant l'existence d'une guerre et critiquant les menaces nucléaires du Kremlin.