Etats-Unis : un suspect arrêté et inculpé pour le meurtre de quatre étudiants dans l’Idaho
Un mois et demi après le quadruple meurtre qui a bouleversé tout un campus à Moscow, dans l'Idaho, aux Etats-Unis, les autorités ont arrêté un suspect, doctorant en criminologie.
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Le fait divers qui tient en haleine les États-Unis depuis bientôt deux mois commence à se dénouer. Suspecté d’avoir tué à l’arme blanche, le 13 novembre 2022, quatre étudiants à Moscow, dans l’Idaho, Bryan Kohberger a accepté mardi 3 janvier d’y être extradé depuis la Pennsylvanie, où il avait été arrêté quatre jours auparavant.
L’étudiant de 28 ans, doctorant en criminologie et en droit pénal à l’université d’État de Washington – qui se trouve “à vingt minutes en voiture de la scène du crime qui a horrifié et anéanti une ville universitaire”, écrit The New York Times –, va comparaître ces prochains jours devant un tribunal de l’Idaho. C’est seulement là que le mobile, jusqu’ici gardé sous scellé par la police, sera divulgué au public, qui se perd en conjectures pour tenter de comprendre ce meurtre aussi mystérieux que choquant.
Un mystère complet
The Washington Post résume ainsi ce qui s’est passé à Moscow, petite ville de 25 000 habitants dans l’Ouest américain, le 13 novembre : Kaylee Goncalves et Madison Mogen d’un côté, Xana Kernodle et Ethan Chapin (en couple) de l’autre, étaient des étudiants d’une vingtaine d’années sans histoire. Après être sortis un samedi soir d’automne, “tous les quatre sont rentrés chez eux” aux alentours de 2 heures du matin et sont allés se coucher, dans leur maison à deux étages abritant trois chambres. Leurs deux autres colocataires dormaient déjà, au rez-de-chaussée.
Lorsque celles-ci “se sont réveillées le lendemain matin, elles ont trouvé l’une des victimes, qui, croyaient-elles, s’était évanouie”. Elles ont d’abord appelé des amis et, ensemble, ils ont appelé les secours. La police a alors “trouvé les quatre victimes mortes aux deuxième et troisième étages de la maison”, raconte le quotidien. Brutalement tuées à l’arme blanche. Mais aucune trace d’effraction n’a été constatée sur les lieux, et les deux étudiantes survivantes ont rapidement été innocentées. Le mystère était complet.
L’affaire a fasciné les États-Unis, comme le relate la radio publique NPR dans une synthèse très complète, et elle a donné lieu à d’innombrables enquêtes amateurs, sur des groupes Facebook ou sur le forum Reddit, comme lors de l’affaire Gabby Petito en janvier 2022. Mais les enquêteurs n’ont pas apprécié cette aide inopportune et ont accusé “les détectives d’Internet et les rumeurs en ligne” de créer une “énorme distraction” qui aurait pu les empêcher de travailler, explique le journal britannique The Independant. Par exemple, un medium autoproclamé sur TikTok a ainsi cru bon de “répandre de fausses allégations” sur une professeure d’histoire de l’université d’Idaho, qui a reçu des menaces de mort et a dû finir par porter plainte pour diffamation, raconte le Guardian.
“Très intelligent mais émotionnellement détaché”
La police a très peu communiqué sur l’avancée de son enquête, livrant les informations au compte-gouttes afin de ne pas alerter le suspect, qui aurait pu chercher à s’enfuir ou à détruire des preuves. Kohberger est décrit par un de ses anciens camarades de classe, interviewé par le site d’information Daily Beast, comme un jeune homme “très intelligent” et “éloquent” mais “émotionnellement détaché”. Il est par ailleurs enregistré comme électeur libertarien.
On apprend également dans cet article que le suspect avait “entrepris un projet de recherche pour cartographier la manière dont des détenus avaient commis leurs crimes”. Et qu’il avait “suivi les cours de la célèbre psychologue médico-légale Katherine Ramsland”, autrice notamment de Comment attraper un tueur ? et de L’état d’esprit d’un meurtrier.
Avant que les enquêteurs ne livrent plus de détails, on sait déjà par la chaîne d’info CNN qu’ils ont remonté la piste de Kohberger grâce à deux éléments : sa voiture, “une Hyundai Elentra blanche vue près de la scène de crime” et utilisée par le suspect pour traverser les États-Unis en direction de la maison de ses parents, en Pennsylvanie, à la mi-décembre ; son ADN, retrouvé dans la maison des étudiants assassinés, et assigné à Kohberger par une “technique de généalogie génétique”, via des bases de données publiques.
À sa sortie du tribunal de Monroe, en Pennsylvanie, où il a comparu le 4 janvier, le suspect a prononcé les mots “Je vous aime” à ses parents et à ses deux sœurs, alors qu’il était escorté hors de la salle d’audience, relate ABCNews. Son avocat a déclaré à la chaîne de télévision que son client “attendait avec impatience d’être disculpé”, et n’a pas nié que “la peine de mort était sur la table”.