Emmanuel Macron aux Pays-Bas : son discours sur la souveraineté européenne perturbé par des protestataires
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Emmanuel Macron venait d'entamer son discours sur la souveraineté européenne dans la salle du théâtre Amare quand de jeunes protestataires l'ont interpellé depuis les tribunes. « Où est la démocratie française ? », ont-ils hurlé, en déployant une banderole sur laquelle était écrit en anglais : « Président de la violence et de l'hypocrisie ». « Vous avez des millions de manifestants dans les rues », ont-ils encore lancé, à propos des vastes manifestations organisées depuis le début de l'année contre la réforme des retraites.
« Ceci est une démocratie et une démocratie est exactement un endroit où l'on peut manifester », a répliqué le chef de l'État lorsqu'il a pu reprendre la parole après une minute d'interruption. Mais « le jour où vous vous dites "quand je suis en désaccord avec la loi qui a été adoptée ou les personnes qui ont été élues, je peux faire ce que je veux, car je décide moi-même de la légitimité de ce que je fais", vous mettez la démocratie en danger », a-t-il poursuivi.
À entendre Emmanuel Macron, les réformes comme celles des retraites sont nécessaires pour assurer la compétitivité de l’Europe, l'un des cinq piliers à consolider selon lui pour assurer la souveraineté européenne, avec la politique industrielle, la protection des intérêts stratégiques, la réciprocité et la coopération. « Il nous faut cette politique industrielle parce que nos concurrents eux interfèrent sur le marché » européen, a insisté le président français, appelant pour cela à augmenter les subventions et les « bonnes mesures incitatives ». À l’issue de son discours d'une quarantaine de minutes assuré en anglais, le président a répondu à quelques questions des étudiants, cette fois sans incident.
Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont été accueillis ce mardi avec les honneurs militaires et hymnes nationaux au Palais Royal d'Amsterdam par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima, pour cette première visite d'État d'un président français dans ce pays depuis 2000. Des centaines de personnes s'étaient rassemblées derrière des barrières pour voir passer le couple présidentiel.
Le roi et la reine des Pays-Bas devaient donner dans la soirée un dîner d'État en leur honneur, avec parmi les hôtes de marque l'architecte néerlandais Rem Koolhaas et le directeur du Tour de France Christian Prudhomme, les deux pays partageant la même passion pour le cyclisme et la Grande boucle. Cette visite d'État signe un rapprochement entre les deux pays.
Le moment-clé de la nouvelle relation franco-néerlandaise, explique notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet, c’est la « déclaration de l’Élysée » du 31 août 2021 signée par Emmanuel Macron et le Premier ministre Mark Rutte. L’initiative a ouvert la porte à des consultations régulières entre les deux gouvernements : on la compare au traité de l’Élysée avec l’Allemagne. La comparaison n’est pas anodine, car avec la coalition emmenée par le chancelier Olaf Scholz, la relation franco-allemande n’est plus aussi étroite et favorisée que par le passé. Et de leur côté, le départ du Royaume-Uni lors du Brexit a fait perdre aux Pays-Bas leur partenaire principal dans l’UE et les a conduits à diversifier leurs coopérations. Les deux pays avaient donc besoin d’un allié de poids au sein de l’Union européenne.
La France reste un poids lourd de l’UE mais les Pays-Bas jouent quant à eux un rôle désormais majeur. En Europe, les Néerlandais « boxent au-dessus de leur catégorie » résume-t-on à Bruxelles en pointant par exemple le fait que les Pays-Bas ont endossé le rôle de chef de file des pays frugaux ou économes pour le budget européen.
Emmanuel Macron et Mark Rutte se rencontrent régulièrement en tête-à-tête. Leur bonne entente personnelle est peut-être liée à leur appartenance à la même famille politique mais elle favorise en tout cas une relation franco-néerlandaise désormais florissante.