Guerre en Ukraine : la fracture s’élargit entre l’Occident et le reste du monde
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a été reçu lundi au Brésil, où il a rencontré son homologue Mauro Vieira ainsi que le président Lula. Au menu : la guerre en Ukraine, dans laquelle Brasilia tente de se poser en médiateur. Washington a estimé que le Brésil se faisait "l'écho de la propagande russe et chinoise" sur le conflit.
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Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a reçu lundi 17 avril le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pour promouvoir une médiation internationale sur la guerre en Ukraine, Washington accusant le Brésil de se faire "l'écho de la propagande russe et chinoise" sur le conflit.
Sergueï Lavrov, qui entame au Brésil une tournée en Amérique latine, a rencontré Lula au Palais de l'Alvorada, résidence officielle du chef de l'État brésilien. Cet entretien n'a pas donné lieu à la publication d'un communiqué officiel.
Avant cette rencontre, le chef de la diplomatie russe s'est entretenu à la mi-journée avec son homologue Mauro Vieira. "Nous remercions le Brésil pour sa contribution à (la recherche d') une solution à ce conflit", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a affirmé que Moscou souhaitait que "le conflit se termine au plus vite", mais en préconisant toutefois une solution "durable et non immédiate".
"Propagande russe et chinoise"
La semaine dernière, Lula avait réitéré son intention de créer un "G20 de la paix", groupe de pays dont le but serait d'œuvrer pour la fin du conflit en Ukraine. Il avait également affirmé que Washington devait "cesser d'encourager la guerre et commencer à parler de paix". Et "l'Union européenne doit commencer à parler de paix", avait lancé le président brésilien samedi devant des journalistes à Pékin.
Lors d'une escale aux Émirats Arabes Unis, dimanche, Lula avait jugé que "l'Europe et les États-Unis continuent de contribuer à la poursuite de la guerre. Alors ils doivent s'asseoir autour de la table et dire : 'Ça suffit.'"
Ces critiques font écho à celles formulées par Moscou et Pékin, qui blâment les pays occidentaux pour la guerre qui a débuté en février 2022 avec l'invasion russe de l'Ukraine. Il y a dix jours, en Turquie, Sergueï Lavrov avait affirmé que les négociations de paix sur l'Ukraine ne sont possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial", sans domination américaine.
Lundi, la Maison Blanche a vivement critiqué le Brésil au sujet du conflit en Ukraine, sans mentionner nommément Lula. "Dans ce cas précis, le Brésil se fait l'écho de la propagande russe et chinoise sans prendre en compte les faits", a indiqué John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, organe directement rattaché au président américain.
"Les récents commentaires du Brésil selon lesquels l'Ukraine devrait envisager de céder officiellement la Crimée en guise de concession pour la paix sont tout simplement malavisés, en particulier pour un pays comme le Brésil qui a voté en faveur des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale" aux Nations unies, a poursuivi John Kirby.
Des critiques rejetées lundi par le chef de la diplomatie brésilienne, qui a défendu les relations de son pays avec Moscou. "Je ne sais pas comment ni pourquoi (le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche) est arrivé à cette conclusion. Mais je ne suis en aucun cas d'accord", a déclaré Mauro Vieira aux journalistes à Brasilia.
"Monde polycentrique"
"Nous sommes reconnaissants envers nos amis brésiliens pour l'excellente compréhension de la genèse de cette situation" en Ukraine, a commenté pour sa part Sergueï Lavrov lundi à Brasilia. "Nous sommes unis par une volonté commune de former un monde polycentrique plus juste", a-t-il ajouté.
La visite de Sergueï Lavrov à Brasilia est intervenue trois semaines après celle à Moscou de Celso Amorim, le principal conseiller du président Lula pour les affaires internationales, qui avait rencontré le président russe Vladimir Poutine au Kremlin.
Le Brésil et la Russie font partie des Brics, groupe de pays émergents qui compte également dans ses rangs l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. À l'inverse de plusieurs puissances occidentales, le Brésil n'a jamais imposé de sanctions financières à la Russie ou accepté de fournir des munitions à Kiev et tente de se positionner, tout comme la Chine, en tant que médiateur.
Selon l'agence d'Etat russe TASS, le Brésil est la première étape d'une tournée d'une semaine de Sergueï Lavrov en Amérique Latine, notamment au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba, trois pays ouvertement hostiles à Washington.