Gouverneur de la Banque du Liban visé par un mandat d’arrêt international d'un juge français
Le gouverneur de la banque du Liban, Riad Salamé, visé par un mandat d’arrêt international d'un juge français.
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Soupçonné de détournement de fonds publics, le gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salamé, visé par des enquêtes dans plusieurs pays européens, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la justice française. Une victoire pour les contempteurs du grand argentier, dont fait partie le quotidien “Al-Akhbar”.
“Aie honte et dégage !” titre en première page le journal libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah. Une injonction qui barre une photographie, dos tourné, du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, autour de qui l’étau judiciaire se resserre dangereusement.
Depuis le mardi 16 mai, le grand argentier libanais est visé par un mandat d’arrêt international délivré par une juge française.
Riad Salamé fait l’objet d’enquêtes dans plusieurs pays européens, dont la France, pour des soupçons de détournement massif de fonds publics libanais et de mise en place d’un montage financier lui ayant permis de se constituer un patrimoine immobilier et bancaire très important sur le continent européen.
La procédure judiciaire française, ouverte depuis juillet 2021, s’est sérieusement accélérée au début de l’année. Des juges européens, dont la juge française Aude Buresi, se sont rendus à plusieurs reprises au Liban pour interroger le gouverneur de la BDL, ainsi que plusieurs de ses proches.
Ce mardi 16 mai, Riad Salamé était convoqué dans la matinée au tribunal judiciaire de Paris pour un interrogatoire en vue d’une éventuelle mise en examen, mais il ne s’y est pas présenté. La juge a alors décidé d’émettre un mandat d’arrêt international.
Plus possible de le “protéger”
Riad Salamé, qui se défend de toute violation de la loi dans cette affaire, et ses conseils ont encore la possibilité de contester cette décision. D’autant que le Liban n’extrade pas ses ressortissants. Beyrouth ne l’a pas fait pour l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, condamné dans l’affaire Karachi, ou l’ex-PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn, réfugié au Liban après sa fuite rocambolesque du Japon.
Mais pour Al-Akhbar, le patron de la BDL, 72 ans, ne peut plus rester à son poste, qu’il occupe depuis 1993.
“Après le mandat d’arrêt délivré hier par la justice française, il n’est plus possible de chercher des solutions pour protéger le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé”, écrit le quotidien, qui dénonce la volonté de certains responsables et de personnalités influentes du Liban “d’empêcher sa condamnation”.
Une grande partie de la population considère que Riad Salamé est, au même titre que la classe politique dirigeante, coresponsable de la grave crise économique et financière qui frappe le Liban depuis 2019. Plusieurs partis politiques appellent à sa démission immédiate.