2000 manifestants contre les violences policières à Paris, malgré l’interdiction
Au moins 2 000 personnes se sont rassemblées à Paris dans le calme samedi après-midi, en mémoire d’Adama Traoré et malgré l’interdiction de la préfecture de police.
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Au moins 2 000 personnes se sont rassemblées à Paris dans le calme, samedi 8 juillet, dans l'après-midi, en mémoire d'Adama Traoré et ce malgré l'interdiction de la Préfecture de police. Des "marches citoyennes" ont également été organisées contre les violences policières dans plusieurs autres villes de France.
Assa Traoré, sœur d'Adama et figure du combat contre les violences policières, avait indiqué qu'elle serait présente "samedi à 15 h place de la République", après l'interdiction de la marche prévue à Persan et Beaumont-sur-Oise en mémoire de son frère décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.
Elle a pris la parole debout sur un banc de la place, devant plusieurs élus de La France insoumise et entourée d'un important dispositif des forces de l'ordre. "On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts", a-t-elle déclaré, devant notamment la cheffe de file des insoumis à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, les députés Éric Coquerel et Louis Boyard, portant leur écharpe tricolore, comme Sandrine Rousseau (EELV).
Malgré les demandes de dispersion et quelques verbalisations constatées par l'AFP, les manifestants – au moins 2 000 selon l'AFP–, scandant notamment "Justice pour Nahel" ou "Nique la police", sont ensuite partis en cortège, dans le calme, avant qu'Assa Traoré ne leur demande de se disperser "sans violence". La majorité d'entre eux avaient quitté les lieux vers 16 h 30.
Deux personnes ont été interpellées, dont Youssouf, l'un des frères d'Assa Traoré, "alors que tout s'était bien passé", a déploré sur Twitter Éric Coquerel.
Il a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion, a indiqué le parquet de Paris à l'AFP. Selon une source proche du dossier, il est accusé d'avoir "porté un coup" à une commissaire de police.
Plusieurs journalistes ont par ailleurs dénoncé sur les réseaux sociaux, preuves en images à l'appui, avoir été violemment repoussés par des policiers en couvrant ces interpellations.
La préfecture de police avait interdit dans la matinée ce rassemblement non déclaré, car "présentant des risques de troubles à l'ordre public", en rappelant le "contexte tendu" et les "cinq nuits consécutives" de violences urbaines après le décès de Nahel M., 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre.
Une enquête a été ouverte à l'encontre d'Assa Traoré, "organisatrice" du rassemblement interdit, a affirmé la PP dans un communiqué.
Une trentaine de manifestations en France
Une trentaine de manifestations étaient organisées dans le pays - ils étaient notamment 640 à Nantes, 400 à Strasbourg, 200 à Bordeaux, une centaine à Dijon, 450 à Vénissieux (à côté de Lyon).
À Lille, la manifestation a été interdite par la préfecture.
À Marseille, 750 personnes se sont rassemblées selon la préfecture, dont le député insoumis de Marseille Manuel Bompard, "stupéfait" du "déni" des autorités sur le problèmes des violences policières. "Manifestement le pouvoir politique a l'intention de parler de tout sauf de ça, donc c'est utile qu'il y ait des manifestations", a-t-il dit.
"Ça suffit, les coups de fusil, les LBD etc. On a besoin de policiers de proximité", a déclaré Geneviève Manka, retraitée, dans la manifestation de Strasbourg où une pancarte réclamait "du ferme pour la police".
À Angoulême, ils étaient près de 300 pour réclamer "justice" pour Alhoussein Camara, Guinéen de 19 ans touché mortellement par un tir de policier lors d'un contrôle routier mi-juin.
Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche, parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires, ont appelé à ces "marches citoyennes", pour exprimer "deuil et colère" et dénoncer des politiques jugées "discriminatoires" contre les quartiers populaires.
Ces organisations demandent "une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d'intervention et de son armement".
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a critiqué vendredi des organisations dont "la seule proposition", selon lui, est "d'appeler à manifester (...) dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages". Il a particulièrement pointé la responsabilité des élus, dont ceux de la France insoumise, qui avaient appelé à se joindre à la marche interdite de Beaumont-sur-Oise, les accusant de sortir "de l'arc républicain".
Le chef de file des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, n'a pas tardé à réagir aux propos d'Olivier Véran sur Twitter, en s'interrogeant : " Depuis quand c'est eux qui décident de qui est républicain ? Si "l'arc républicain" c'est eux, à qui ça fait envie ?"