La concentration et l'unité de pays islamique concernant la question palestinienne
Israël face au monde arabe : La Palestine entre la guerre et la paix
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Ayant conquis sa souveraineté, l’Etat d’Israël se donne les structures nécessaires à la mise en œuvre des orientations définies dans sa déclaration d’indépendance. On retiendra notamment l’instauration d’un régime politique qui apparente Israël aux démocraties occidentales, et la poursuite, à grande échelle désormais, de la réalisation du projet sioniste qui est sa raison d’être.
2Mais l’existence même de cet Etat est considérée dans les pays arabes comme une agression, parce qu’elle est le produit de la domination européenne dont ils ont entrepris par ailleurs de se libérer. D’autre part, les Etats arabes s’estiment tenus de manifester leur solidarité avec les Palestiniens privés de leur patrie. Dans ces conditions, on comprend que la lutte contre Israël va être un thème essentiel du nationalisme arabe et la seule cause susceptible de faire l’unanimité d’une « nation arabe » souvent divisée.
3La vigueur du nationalisme arabe et l’intransigeance israélienne font échouer les tentatives de conciliation. Il en résulte un état de tension presque permanent : le conflit israélo-arabe devient une donnée primordiale de la géopolitique moyen-orientale. La prolongation de l’état de guerre favorise le développement de l’influence des puissances dominantes : Etats Unis et U.R.S.S. qui prennent au Moyen Orient le relais des pays d’Europe qui achèvent de s’effacer. Le conflit israélo-arabe devient aussi un des enjeux de la Guerre Froide.
A) L’échec de la conciliation et l’évolution du contentieux israélo-arabe
33L’O.N.U. avait chargé une Commission de conciliation de trouver une solution au problème palestinien. Pendant près de trois ans, la Commission ainsi créée déploie une grande activité pour tenter de rapprocher les points de vue. Trois conférences arabo-israéliennes sont réunies successivement à Lausanne (1949), Genève (1950) et Paris (1951). Les parties refusant d’engager des conversations directes, les pourparlers sont menés indirectement par le biais de la Commission de conciliation.
La crise de Suez est suivie pendant quelques années d’un relatif apaisement du conflit israélo-arabe. Les affrontements frontaliers cessent pratiquement. La seule frontière où subsiste une activité militaire est celle de la Syrie où le statut toujours contesté de la zone démilitarisée continue à provoquer des incidents.
Cette situation bénéficie à Israël qui peut intensifier la mise en valeur de son territoire, tandis que s’élève le niveau de vie jusque-là assez faible de sa population. Cet essor économique est largement favorisé par l’aide financière en provenance de la diaspora, et notamment de la puissante communauté juive américaine. Les années 1960 sont dans l’ensemble marquées par un développement de la coopération entre Israël et les Etats-Unis. A l’aide privée, vient s’ajouter de plus en plus le soutien financier de l’Etat américain qui entreprend de livrer des armes à Israël, supplantant bientôt la France qui, après 1967, prend ses distances à l’égard de l’Etat hébreu.
L’Orient arabe, de son côté, en dépit du succès politique que représente l’affaire de Suez, est plus que jamais divisé en tendances antagonistes. Schématiquement on peut opposer le camp des monarchies conservatrices de la péninsule arabique, qui restent liées aux pays occidentaux, au groupe des pays réputés progressistes qui bénéficient du soutien de l’Union Soviétique, malgré des relations parfois difficiles avec Moscou.
Ce camp progressiste a le vent en poupe après Suez : comprenant principalement l’Egypte et la Syrie, il est renforcé par la chute, en 1958, de la monarchie pro-britannique en Irak. Mais ce groupe de pays n’est nullement homogène, ni solidaire. Bien que se réclamant des mêmes principes (nationalisme, hostilité à l’impérialisme occidental, adhésion au socialisme), les Etats qui le composent ont des ambitions rivales. Ils se disputent le leadership au sein du monde arabe dont ils prétendent réaliser l’unité. L’Egypte de Nasser semble bien placée. Elle réussit un temps à s’unir avec la Syrie (1958-1961) au sein de la République Arabe unie, dont la création inquiète Israël qui y voit une tentative d’encerclement de la part de l’Egypte. Mais cette union reste éphémère. La prépondérance de l’Egypte est activement contestée par l’Irak.
Et cette rivalité interarabe s’exerce notamment sur le terrain toujours sensible et propice aux surenchères de la confrontation avec Israël et de la question palestinienne.
Le conflit et ses conséquences
C’est alors que se met en route l’engrenage qui mène au conflit. Nasser envoie des renforts dans le Sinaï et le 16 mai 1967 demande à l’O.N.U. le retrait de ses forces de la frontière israélo-égyptienne. Cette demande est acceptée 48 heures plus tard. Le 22 mai, la crise s’aggrave avec l’annonce par Nasser de la fermeture du détroit de Tiran et du golfe d’Akaba à la navigation israélienne. Cette décision vaut à Nasser un surcroît de prestige au sein du monde arabe, mais est considéré par Israël comme un acte d’agression. Enfin les pays arabes resserrent leurs liens. Un pacte de défense est conclu entre l’Egypte et la Jordanie, auxquelles se joint peu après l’Irak (30 mai-4 juin).
Tous ces évènements font croire à l’imminence d’une attaque arabe générale et suscitent en Israël une grande inquiétude. L’existence même de l’Etat hébreu semble menacée. Ce sentiment d’insécurité est avivé par les déclarations enflammées de certains dirigeants arabes.