Gaza: plusieurs morts dans une nouvelle attaque israélienne contre des Palestiniens en attente d'aide
Des Palestiniens ont été tués et des dizaines d'autres blessés, mardi, dans une nouvelle attaque israélienne visant des citoyens en attente d'aide humanitaire dans la zone du "rond-point du Koweït", au nord de la bande de Gaza.
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Au premier jour du mois de jeûne pour les musulmans, l’armée israélienne a attaqué plusieurs villes de l’enclave. Les Etats-Unis craignent que la situation ne devienne « très dangereuse », notamment à Jérusalem-Est, si les combats continuent durant tout le mois.
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Le ramadan a commencé, lundi 11 mars, dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, sans qu’une trêve n’ait été conclue à temps dans la guerre entre Israël et le Hamas.
La communauté internationale multiplie les efforts pour faire parvenir de l’aide à la population, frappée par la famine. Des dizaines de bombardements israéliens ont visé plusieurs régions du territoire palestinien, selon les autorités du Hamas, notamment les villes de Gaza (nord), Khan Younès et Rafah (sud). Les bombardements ont fait soixante-sept morts en vingt-quatre heures, a annoncé lundi le ministère de la santé contrôlé par le mouvement islamiste palestinien, dont quatre personnes d’une même famille tuées par une frappe sur leur maison pendant les prières de l’aube à Rafah.
L’armée israélienne vise le numéro deux de la branche armée du Hamas
« Dans la nuit de samedi à dimanche, (…) des avions de chasse ont attaqué une base souterraine de dirigeants du Hamas dans le centre de la bande de Gaza, près de Nousseirat », qui était « utilisée par deux hauts dirigeants de l’organisation [dont] Marwan Issa », numéro deux des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, a annoncé dans la soirée le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne. « Nous examinons encore les résultats de la frappe » et, « quand nous serons certains de savoir, nous le dirons et informerons la population », a-t-il ajouté, assurant qu’il n’y avait pas d’otages dans la zone. Marwan Issa, né en 1965, est l’adjoint de Mohammed Deif, le chef des Brigades Ezzedine Al-Qassam.
Les plus hauts dirigeants du Hamas « sont tous des hommes morts, nous les aurons tous », a promis quant à lui le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans un message vidéo.
L’armée israélienne a déclaré que quinze combattants islamistes avaient été tués dimanche dans ses opérations dans le centre de Gaza. Des « raids ciblés » ont également visé des maisons utilisées pour des « activités terroristes » dans le quartier Hamad, à Khan Younès. Depuis le début de la guerre, les bombardements et les combats dans l’enclave palestinienne ont fait au moins 31 112 morts, selon le ministère de la santé du Hamas.
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Au moins un mort dans des frappes israéliennes dans l’est du Liban
Des frappes aériennes israéliennes ont fait au moins un mort, lundi, dans une localité près de Baalbek, bastion du Hezbollah dans l’est du Liban, selon une source de sécurité. « Un avion israélien a pris pour cible un ancien bâtiment du Hezbollah près de l’hôpital Dar Al-Amal », a dit à l’Agence France-Presse (AFP) l’une de ces sources, ajoutant que l’aviation israélienne avait « mené un autre raid sur un hangar à l’Est de Baalbeck ». Ces frappes ont fait un mort et six blessés, a ajouté cette source. Le gouverneur de la région de Baalbek-Hermel, Bachir Khodr, a confirmé sur le réseau X la mort d’un homme dans ces frappes.
L’armée israélienne a confirmé dans la foulée des frappes de ses « jets de combats » contre « deux sites » des « forces aériennes du Hezbollah » dans la Békaa, plaine où est située la ville de Baalbek. « Ces frappes ont été menées en représailles à des attaques aériennes du Hezbollah ces derniers jours en direction du Golan », plateau syrien annexé par Israël et limitrophe du Liban, a souligné l’armée israélienne qui a diffusé des images d’un lieu bombardé présenté comme un site du Hezbollah dans la Békaa.
L’agence de presse libanaise (NNA) a fait état de frappes israéliennes à plusieurs endroits, dont l’une a visé un « immeuble résidentiel » dans la ville d’Ansar, au sud de Baalbek. « Des flammes et des nuages de fumée étaient visibles au-dessus de l’endroit ciblé », a ajouté l’agence.
Les échanges de tirs sont quasi-quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah, un allié du Hamas palestinien, dans les régions à la frontière israélo-libanaise. Mais le 26 février, et pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, des frappes israéliennes avaient visé des sites du Hezbollah dans la région de Baalbeck.
Depuis le début des violences transfrontalières le 8 octobre, au moins 312 personnes, la plupart des combattants du Hezbollah et 53 civils ont été tués au Liban, selon un décompte de l’AFP. En Israël, dix soldats et sept civils ont péri.
A plusieurs reprises, le Hezbollah a affirmé qu’il cesserait ses attaques en Israël quand un cessez-le-feu sera décrété à Gaza. De son côté, le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, a récemment affirmé qu’une trêve à Gaza ne changerait rien à la volonté israélienne de chasser le Hezbollah du sud du Liban, par la force ou par la diplomatie.
L’ONU appelle à « faire taire les armes » pour le début du ramadan
Alors que le mois béni pour les musulmans commence, le secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Antonio Guterres, a appelé lundi « à faire taire les armes » à Gaza « pour faire honneur à l’esprit » de ce mois de jeûne. « Aujourd’hui marque le début du mois sacré du ramadan, une période où les musulmans du monde entier célèbrent et propagent les valeurs de paix, de réconciliation et de solidarité. Mais même avec le début du ramadan, les morts, les bombardements et le carnage se poursuivent à Gaza », a-t-il déploré devant la presse. Evoquant « l’esprit de compassion du ramadan », M. Guterres a également appelé à « la libération immédiate de tous les otages » retenus par le Hamas.
Le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, a prévenu lundi : si Israël « respecte » la liberté de prier, l’armée se tient « prête » à répondre à toute provocation ou débordement. « Le mois de ramadan peut aussi être un mois de djihad, et nous disons à tous : ne nous cherchez pas. Nous sommes prêts, ne commettez pas d’erreur », a-t-il déclaré dans un message posté sur sa chaîne Telegram.
Cette mise en garde intervient alors que la guerre à Gaza fait redouter des heurts dans la Vieille Ville de Jérusalem. L’esplanade des Mosquées (ou mont du Temple pour les juifs) est le troisième lieu saint de l’islam et le lieu le plus sacré du judaïsme. La Jordanie en assure l’administration, mais Israël y impose des restrictions, notamment sur le nombre de fidèles ou leur âge.
Le gouvernement israélien a annoncé la semaine dernière que les fidèles musulmans seraient autorisés à y prier « dans le même nombre que les années précédentes ». Des dizaines de milliers s’y rendent chaque année pendant le ramadan.
Le premier bateau chargé d’aide prêt à quitter Chypre
Un navire de l’ONG espagnole Open Arms chargé de 200 tonnes de vivres est prêt à quitter Chypre, le pays de l’Union européenne (UE) le plus proche de Gaza, à destination du territoire palestinien, dans le cadre d’un couloir maritime annoncé par l’UE en fin de semaine dernière. Le navire doit appareiller du port de Larnaca, sur la Méditerranée, distant d’environ 370 kilomètres de la bande de Gaza. « Le programme se déroule comme prévu, le bateau va bientôt partir » du port de Larnaca, a assuré lundi le gouvernement chypriote.
Un navire militaire américain a parallèlement quitté samedi les Etats-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d’une jetée pour débarquer les cargaisons d’aide, qui pourrait prendre jusqu’à soixante jours.
Mais l’Organisation des Nations unies (ONU), qui redoute une famine généralisée dans le territoire, soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, affirme que l’envoi d’aide par mer et les parachutages organisés par plusieurs pays ne peuvent se substituer à la voie terrestre. L’aide internationale, contrôlée par Israël, n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza alors que les besoins sont immenses, notamment dans le nord du territoire, très difficile d’accès.
L’aide humanitaire arrive aujourd’hui principalement d’Egypte par Rafah, ville de Palestine à la frontière égyptienne, où sont massées, selon l’ONU, près de 1,5 million de personnes vivant dans l’angoisse d’une offensive terrestre annoncée par Israël.
Une situation « très dangereuse », dans l’attente d’une trêve
En dépit de nouvelles discussions au début de mars au Caire, les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve. Une source proche des négociations a toutefois déclaré à l’Agence France-Presse, dimanche, « qu’il y aurait une accélération des efforts diplomatiques dans les dix prochains jours ». Les Etats-Unis craignent que la situation ne devienne « très dangereuse », en particulier à Jérusalem-Est, où se trouve l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, si les combats continuent durant tout le ramadan.
Le président américain, Joe Biden, qui a haussé le ton ces derniers jours envers Israël, a transmis un message de solidarité aux musulmans pour le ramadan. « Cette année, cela arrive à un moment d’immense douleur », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Alors que les musulmans se rassembleront dans le monde entier au cours des jours et des semaines à venir pour rompre leur jeûne, la souffrance du peuple palestinien sera au premier plan pour beaucoup. Elle l’est pour moi. »
En tant que gardien de deux des lieux saints de l’islam, le roi Salman d’Arabie saoudite a exhorté la communauté internationale « à assumer ses responsabilités pour mettre fin à ces crimes odieux et garantir la mise en place de couloirs humanitaires et d’aide sûrs ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a envoyé « un message spécial de solidarité et de soutien à tous ceux qui souffrent des horreurs à Gaza ». « En ces temps difficiles, l’esprit du ramadan est une lueur d’espoir, un rappel de notre humanité commune », a-t-il déclaré sur X.