Guerre Israël-Palestine : six mois de tragédie pour les enfants plus de 600 000 enfants privés d'école
Dans la bande de Gaza, il n’y a quasiment plus que des ruines. 300 écoles, collèges, lycées et universités sont inutilisables, soit 92% des écoles de l’enclave palestinienne qui sont hors service, selon l’UNICEF.
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Plus de six mois de guerre à Gaza. Toujours plus de destructions et de morts. Près de 33 500 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas. Les bombardements israéliens se poursuivent. L’enclave palestinienne, dont plus de la moitié de la population a moins de 18 ans, est dévastée. Selon l’Unicef, 625 000 enfants en âge d’aller à l’école n’ont pas eu une heure de cours depuis le début de la guerre.
Dans la bande de Gaza, il n’y a quasiment plus que des ruines. 300 écoles, collèges, lycées et universités sont inutilisables, soit 92% des écoles de l’enclave palestinienne qui sont hors service, selon l’Unicef.
Des établissements sont détruits ou occupés par des réfugiés. Line a 12 ans. Son dernier jour d’école remonte à octobre, avant le début de la guerre. « L’école me manque. Je veux y retourner pour retrouver mes copines, mes profs. Prendre un stylo à la main et écrire me manque. Ouvrir un livre et lire me manque. J’aimerais tellement retrouver tout cela… »
Saleh, le grand frère de Line, est collégien. « Auparavant, on vivait dignement. On avait une maison, et nous ne manquions de rien. Aujourd’hui, on vit sous une tente, et au lieu d’aller à l’école pour apprendre et avoir un avenir, je passe mes journées à faire des corvées. À transporter des bidons d’eau sur des longues distances pour qu’on puisse boire. Nous avons tout perdu. Tout est détruit ici. »
Se sentir « en sécurité pour apprendre »
Pour Jonathan Crickx, porte-parole de l'Unicef dans les Territoires palestiniens, « à peu près l'ensemble des enfants de la bande de Gaza ont besoin d'assistance en santé mentale, c'est la conséquence de six mois de violence et de bombardements intenses ». Et « pour qu'un enfant retourne à l'école, il faut non seulement un bâtiment et des professeurs, mais en plus qu'il se sente en sécurité pour apprendre ».
Les enfants ont « un cerveau qui fonctionne au prisme du traumatisme », explique la pédopsychiatre Audrey McMahon, qui a travaillé à Gaza pour Médecins sans frontières. « Ils ont tout perdu, et ils continuent à être attaqués, et à souffrir de la faim. Les défis auxquels ils font face sont immenses et il leur faudra du temps pour guérir ».
L'experte anticipe d'importantes « difficultés de concentration », des expressions de « colère ou d'injustice », et rappelle que la malnutrition affecte le développement cérébral des plus petits.
L'impact de la guerre
Dans certains pays marqués par la guerre, même après la fin des hostilités, de nombreux enfants ne reprennent jamais le chemin de l'école. En Irak, six ans après que le gouvernement a déclaré le groupe jihadiste État islamique défait, des dizaines de milliers d'enfants restent déscolarisés, selon la Banque mondiale.
Alors pour tenter d'éviter un décrochage scolaire sans retour, des écoles d'appoint ont été montées à la hâte à Gaza ces dernières semaines, notamment à Rafah, en dépit de nombreuses difficultés comme le manque de cahiers et de stylos.
L'Unicef estime, sur son site internet, que « la bande de Gaza est aujourd'hui l'endroit le plus dangereux au monde pour un enfant ». Selon l'organisation, « un million d'enfants est affecté par la guerre » et « au moins 17 000 enfants sont séparés de leurs parents ».
« Cessez-le-feu immédiat »
Les présidents français et égyptien ainsi que le roi de Jordanie ont appelé à « un cessez-le-feu immédiat à Gaza » dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. « La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu’elle entraîne doivent cesser immédiatement », estiment les trois dirigeants qui appellent de leurs vœux « une solution à deux États », « seule option crédible pour garantir paix et sécurité pour tous et faire en sorte que ni les Israéliens ni les Palestiniens n’aient à revivre les horreurs qui les ont frappés depuis les attentats du 7 octobre 2023 ».
Antonio Guterres, lui aussi, ne cesse d'appeler à un cessez-le-feu immédiat. Son adjointe, la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed a estimé mardi que « nous devons faire quelque chose et vite [...] Des milliers d'enfants continuent à perdre leur vie, à vivre amputés. Et des centaines de personnes attendent de rentrer chez elles, les otages ».