Proche-Orient : l’extrémisme de Nétanyahou met Biden sous pression
Table of Contents (Show / Hide)
Joe Biden est de plus en plus isolé, à quelques mois de la présidentielle. Le président américain est critiqué de toutes parts sur sa gestion de la guerre à Gaza. Certains l’accusent de soutenir un génocide quand d’autres estiment qu’il n’aide pas assez Israël.
Quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, Joe Biden se retrouve dans une situation plus que délicate, constate Loubna Anaki, notre correspondante à New York. Pour les républicains et les groupes pro-israéliens, le président américain a « abandonné Israël ». Ce sont d’ailleurs les mots utilisés par Donald Trump après que le démocrate a prévenu qu’il pourrait suspendre la livraison de milliers de bombes si l’armée israélienne attaquait Rafah. Donald Trump a accusé Joe Biden de « prendre le parti » du Hamas. « Ce que fait Biden à propos d'Israël est une honte, a lancé le candidat républicain à la présidentielle, il a totalement abandonné Israël ».
Cette position provoque aussi la colère de certains des plus gros donateurs pro-israéliens du président démocrate. « L'énorme pression financière et politique exercée par l'AIPAC (l'American Israel Public Affairs Committee) à Washington est le facteur le plus important qui empêche un grand nombre de représentants démocrates de s'opposer à la guerre d'Israël à Gaza », déclare à CNN Waleed Shahid, qui a occupé des postes de direction dans de nombreuses organisations libérales et a participé activement à l'organisation de l'opposition à la guerre.
Samedi 11 mai, Joe Biden a estimé qu'un cessez-le-feu était possible « demain » si le mouvement islamiste palestinien relâchait les otages retenus à Gaza. Le Hamas a répondu ce dimanche que ces déclarations constituaient « un revers » pour les négociations en vue d'une trêve dans la bande de Gaza. « Nous condamnons cette position du président américain, nous la considérons comme un revers par rapport aux résultats du dernier cycle de négociations », durant lequel le Hamas a accepté une proposition des médiateurs, a déclaré le mouvement dans un communiqué. Il a ajouté que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'était « empressé de faire capoter » les pourparlers en attaquant Rafah.
Critiques aussi dans le camp démocrate
Même dans son propre camp, le président américain essuie les critiques. Certains sénateurs et représentants de son parti réclament que l’aide apportée à Israël soit soumise à condition. Une option pour le moment écartée par la Maison Blanche.
Dans le même temps, les décisions de l'administration ne suffisent guère à calmer la colère des groupes et manifestants pro-palestiniens, parmi lesquels une majorité de jeunes, des électeurs clés pour Joe Biden. « Les manifestations étudiantes sont une épine dans le pied » du président sortant, affirme Pierre Bourgois, maître de conférences en sciences politiques à l'Université catholique de l'Ouest, à Angers.
Alex Keena, professeur de sciences politiques à l'université VCU en Virginie, affirme à l’AFP que « les manifestations mettent Biden dans une position délicate, parce que pour gagner en 2020, il s'est beaucoup appuyé sur les jeunes, sur les musulmans et les Américains d'origine arabe ». La Maison Blanche est « apparemment convaincue qu'elle va traverser cette tempête et malgré tout gagner contre Donald Trump en novembre. [...] C'est une dangereuse erreur de calcul », attaque dans un récent billet James Zogby, président de l'Arab American Institute, une association qui représente les Américains d'origine arabe.
Le soutien bipartisan dont bénéficiait le numéro un américain dans les premières semaines qui ont suivi le 7 octobre a disparu, sa cote de popularité est la plus basse pour un président des États-Unis depuis 75 ans. À six mois de son face-à-face électoral avec Donald Trump, Joe Biden est sous pression.