Microsoft repart à l'assaut d'Activision Blizzard. Le géant américain des logiciels a présenté une offre susceptible de ne pas être une nouvelle fois retoquée par l'autorité britannique de la Concurrence (CMA). Cette dernière a précisé ce mardi 22 août « avoir ouvert une nouvelle enquête de phase 1 sur un accord restructuré par Microsoft pour racheter Activision ».
Elle a par ailleurs « finalisé sa décision de bloquer la fusion » d'origine, une opération qui était valorisée à 69 milliards de dollars et devait donner naissance au troisième acteur de la filière en termes de chiffre d'affaires, derrière le chinois Tencent et Sony.
« Dans le cadre du nouvel accord, Microsoft n'achètera pas les droits de visionnage en flux (streaming, ndlr) de tous les jeux présents d'Activision », ni ceux des « jeux qui seront diffusés pendant les 15 prochaines années (sauf dans l'espace économique européen) », ajoute la CMA.
Pas encore de feu vert
« Ces droits vont être vendus à Ubisoft », éditeur français concurrent, « avant l'acquisition d'Activision par Microsoft », poursuit l'autorité britannique de la concurrence. Ce dernier aura ainsi le droit de vendre des licences sur les contenus d'Activision à « tout fournisseur de jeux dématérialisés ».
« Ceci va permettre aux joueurs d'accéder aux jeux d'Activision de manières différentes », commente Sarah Cardell, directrice générale de la CMA, qui précise que l'examen de la nouvelle mouture n'est « pas un feu vert ». Elle argumente : « Notre objectif n'a pas changé, à savoir que toute future décision sur cette nouvelle formulation de l'accord devra s'assurer que le marché en croissance des jeux en ligne continuera à bénéficier d'une concurrence propice au choix et à l'innovation ». La nouvelle date limite pour une décision sur l'enquête préliminaire est le 18 octobre.
La CMA invoquait le 26 avril, en bloquant cette méga-fusion, des risques trop élevés pour la concurrence. Microsoft avait contesté cette décision qui devait être portée en justice. Microsoft et la CMA avaient finalement convenus début juillet de suspendre la procédure judiciaire et de trouver un terrain d'entente, ce qui devait passer par de nouvelles propositions du groupe américain. Fin juillet, Microsoft assurait que les circonstances ont changé depuis son veto fin avril, invoquant notamment ses engagements auprès de l'UE.
Les poursuites suspendues
« Il est clair qu'il y a des changements importants dans les circonstances, ce qui signifie » que la CMA ne devrait pas interdire la fusion, a fait valoir Microsoft dans des documents publiés lundi par l'autorité britannique dans le cadre de sa procédure. « Les engagements acceptés par la Commission européenne le 15 mai » en échange de l'approbation de l'opération « fournissent un cadre légal » aux accords de licence conclus avec plusieurs entreprises du secteur des jeux dématérialisés (cloud gaming), fait valoir Microsoft. Ces engagements « imposent une obligation juridiquement contraignante de dix ans à Microsoft d'accorder des licences mondiales libres de droits » ainsi que « des sanctions réglementaires sévères en cas de violation ».
L'Autorité américaine de la concurrence, la FTC, a quant à elle suspendu en juillet la procédure devant la justice administrative qu'elle avait engagée en décembre contre le rachat d'Activision Blizzard tel qu'il était de prime abord envisagé par Microsoft, actant son retrait après une série de revers judiciaires. L'agence peut néanmoins choisir de reprendre, plus tard, son action. Initialement, le contentieux devait être examiné par un juge administratif lors d'une audience fixée au 2 août. C'est la première fois depuis le début du dossier que la FTC fait marche arrière.
« Cela présage potentiellement pour les parties prenantes d'une autre procédure longue, mais en réalité il est peu probable que Microsoft se soit lancé dans cette nouvelle offre sans un degré élevé de certitude qu'elle va finalement obtenir le blanc-seing de la CMA », remarque Alex Haffner, du cabinet juridique Fladgate.
La Tribune