Ce lundi 11 mars, le syndicat CFDT attaque le géant Carrefour en justice. L’organisation syndicale reproche au distributeur la cession de nombreux supermarchés en location-gérance ou en franchise depuis 2017, une forme de « délocalisation locale ». Cette politique sociale a des conséquences très fortes pour les salariés.
Plus de 300 magasins et 23 000 salariés de la marque sont sortis des effectifs, depuis que le groupe Carrefour a fait passer de nombreux magasins, en location-gérance ou en franchise. Pour le distributeur qui revendique, plus de 5 000 supermarchés en France, ce changement juridique permet de conserver sa part de marché commerciale. Tout en se libérant d'un certain nombre de dépenses.
Mais cela n’est pas sans conséquences, pour les salariés qui perdent en moyenne, 2 300 euros d’avantages sociaux annuels, car ils ne sont plus employés par un grand groupe coté au CAC 40. Pour la CFDT, il s’agit d’une forme de restructuration. Selon ce syndicat, les contrats passés avec les sociétés franchisées « ne permettent pas de dégager des résultats suffisants ». Du coup, « le modèle imposé aux franchisés et locataires-gérants pèse in fine sur les salariés » qui deviennent la seule marge de manoeuvre pour améliorer la rentabilité du magasin, estime Sylvain Macé, secrétaire national de la CFDT Services.
Dommages et intérêts
Le syndicat demande, donc, à la justice l’arrêt de ce mode de gestion en location-gérance ou en franchise, et 23 millions d'euros de dommages et intérêts. Un autre point hérisse les syndicats : que cette politique soit menée alors que Carrefour débourse des centaines de millions d'euros pour rémunérer ses actionnaires. Le distributeur a annoncé - pour 2023 - un bénéfice net à 1,66 milliard d'euros pour 94,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Il a versé 481 millions d'euros de dividendes en 2023, et dépensé 802 millions d'euros pour racheter ses actions.
Une pratique qui se développe de plus en plus dans la grande distribution. Auchan, Leclerc, Intermarché et Système U transfèrent, également, leurs magasins à des indépendants, pour maintenir des prix bas et préserver leurs marges.
RFI