Visite de Pelosi à Taïwan : comment la Chine réagit
En dépit des menaces chinoises, Nancy Pelosi (en rose) a décidé de mener à bien sa visite à Taïwan. Une décision à laquelle Pékin a répondu en plusieurs étapes (photo fournies par les autorités de Taïwan).
Table of Contents (Show / Hide)
Depuis son arrivée, Nancy Pelosi a semblé jouer la carte de l'apaisement. Elle est restée sur la même ligne de défense, à savoir que cette visite ne change pas la position américaine vis-à-vis de Taïwan, rappelant d’ailleurs qu’une visite similaire avait déjà eu lieu en 1997, rapporte notre correspondant à Taïwan, Adrien Simorre.
Cela dit, Nancy Pelosi a enchaîné ce matin les visites de haut rang. D’abord au Parlement taïwanais, symbole de la démocratie taïwanaise, et un peu plus tard au palais présidentiel où elle a rencontré Tsai Ing-wen, la présidente taïwanaise. « Nous sommes venus pour dire clairement que nous n’abandonnerons pas Taïwan, a ainsi lancé Nancy Pelosi lors de cette rencontre. Nous venons en amis, nous vous remercions pour votre leadership, nous voulons que le monde le reconnaisse. Nos visites dans les délégations du Congrès ont trois objectifs. Le premier est la sécurité, la sécurité de notre peuple, la sécurité mondiale ; le deuxième est l'économie, pour répandre autant de prospérité que possible ; et le troisième est la gouvernance. »
Le message est reçu par la dirigeante taïwanaise : « La guerre en Ukraine a conduit le monde entier à se focaliser sur Taïwan face à une menace militaire toujours plus grande, Taïwan ne reculera pas. Nous ferons tout pour défendre notre souveraineté et notre démocratie. »
Nancy Pelosi doit désormais rencontrer le président de TSMC, le leader mondial des semi-conducteurs. Des partenariats entre les États-Unis et Taïwan dans ce secteur très stratégique devraient être au menu.
La Chine augmente la pression sur Taïwan
Cette visite s'est attiré les foudres de Pékin qui ne reconnaît pas la souveraineté de l'archipel. La Chine avait annoncé des représailles militaires sévères si cette visite venait à avoir lieu. Et elle a déjà lancé dès mardi une campagne de sanctions économiques, mais aussi des cyberattaques sur l’informatique taïwanais. Lors de l'arrivée de Nancy Pelosi, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé une grave violation des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité régionale, selon Pékin. Le gouvernement chinois a fermement protesté auprès de l'ambassadeur américain convoqué à Pékin, et alerté sur les « conséquences très graves » d'une initiative jugée « extrêmement choquante ».
Ça commence. La réponse de Pékin à la visite de Nancy Pelosi consiste donc à punir les producteurs et agriculteurs taïwanais ...
On reste toutefois pour l’instant en deçà des menaces de la propagande chinoise qui ont pu faire croire, à un moment, à la possibilité d’une intervention militaire directe. Mais le plus gros reste encore à venir, donc il faut rester prudent. L’Armée populaire de libération va organiser, de jeudi jusqu'à dimanche, des exercices militaires en mer et dans les airs autour de Taïwan. Une partie de ces exercices pourrait même avoir lieu au sein des eaux territoriales taïwanaises. Les prochains jours seront ainsi très tendus autour de Taïwan.
Studio graphique FMM
« Ces intimidations militaires visent à miner le moral de nos citoyens », a dénoncé le gouvernement taïwanais. « Les exercices militaires de la Chine violent les règles des Nations unies, portent atteinte à notre espace territorial et s'apparentent à un blocus de Taïwan, a vivement réagi le porte-parole de l'armée taïwanaise. Nous ne cherchons pas la guerre, mais empêcherons tout mouvement qui met en péril notre souveraineté territoriale. »
Les prochains jours seront alors très tendus autour de Taïwan. Si la Chine entre effectivement en territoire taïwanais, l’armée pourrait être forcée d’ouvrir le feu. Selon les experts militaires taïwanais, les risques d’accrochages restent toutefois minimes.
Les possibles manœuvres d'envergure suscitent déjà de nombreuses réactions dans la région. Alors que la Corée du Sud appelle au calme et au dialogue, le gouvernement japonais se dit préoccupé par les actions militaires ciblées promises par Pékin. La Corée du Nord, de son côté, soutient la Chine et dénonce, à travers cette visite, « l'ingérence impudente » des États-Unis. Les conséquences de cette visite sont encore difficiles à mesurer.