Suivant le type d'organe auquel on s'intéresse, détecter d'éventuelles lésions cancéreuses relève encore en partie du hasard, au détriment évidemment de la prise en charge. C'est notamment le cas lorsqu'on soupçonne un problème à l'œsophage. La procédure classique consiste à pratiquer une biopsie à quatre emplacements différents, ce qui est déjà passablement invasif, en espérant que si des cellules tumorales sont présentes l'échantillonnage permettra de les détecter au moins sur l'un des prélèvements. Mais si l'on se représente un conduit d’une longueur d’environ 25 cm menant à l'estomac, où la zone tumorale ne couvrirait encore que 20% de l'organe, les zones sondées peuvent très bien toutes êtres situées en partie encore saine, aboutissant à un "faux négatif".
Un rendement diagnostique significativement plus élevé pour Cellvizio
Plus petit microscope implantable au monde, le Cellvizio développé par la firme française Mauna Kea permet de surmonter ce handicap d'une biopsie "à l'aveugle" puisqu'il permet d'examiner à l'échelle cellulaire les tissus de l'organe en question au cours même de la procédure (aussi bien endoscopiques, laparoscopiques que par aiguille), au lieu de devoir se contenter d'examiner après coup les prélèvements faits "à l'aveuglette". Homologuée depuis 2005, la plateforme est utilisée dans de nombreux pays et dans un nombre croissant d'indications (pneumologie, gastroentérologie, urologie...) en transformant la façon dont les médecins diagnostiquent -et traitent- les patients.
L'entreprise continue à documenter régulièrement les propriétés cliniques du Cellvizio, à l'image de la publication dévoilée mercredi d'une nouvelle méta-analyse ("High definition probe-based confocal laser endomicroscopy review and meta-analysis for neoplasia detection in Barrett’s esophagus") dans une revue médicale à comité de lecture, "Techniques and Innovations in Gastrointestinal Endoscopy" (TIGE). Cette étude démontre que l'ajout de l'endo-microscopie avec Cellvizio pour guider les biopsies fournit un rendement diagnostique significativement plus élevé pour la dysplasie et le cancer de l'œsophage et réduit l'erreur d'échantillonnage par rapport aux biopsies aléatoires à quatre quadrants seuls (méthode dite protocole de Seattle).
La méta-analyse décrite dans TIGE, c'est-à-dire une analyse de neuf études différentes, pour un total de 688 patients et 1.299 lésions, a montré que l'endo-microscopie atteignait une sensibilité, une spécificité ainsi qu'une valeur prédictive négative par patient de respectivement 96%, 93% et 98%. Par rapport aux biopsies aléatoires, le taux de détection absolu était amélioré de 5% et le taux relatif de 243%, des augmentations cliniquement significatives.
"Les résultats de ces études démontrent qu'il existe de meilleurs outils facilement accessibles aux médecins qui permettent d'améliorer le taux de détection des programmes de dépistage et de surveillance, et finalement d'inverser la hausse alarmante de la prévalence du cancer de l'œsophage", a fait valoir Nicolas Bouvier, actuellement directeur général de Mauna Kea Technologies. "De meilleurs taux de détection et une moindre utilisation des services de santé font de Cellvizio un complément précieux à la méthode de diagnostic standard dans les hôpitaux comme dans les centres de chirurgie ambulatoire".
La publication entraînait un courant d'intérêt pour le titre, Mauna Kea Technologies remontant de 9% à 0.509 euro vers 11h00.
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