L'ex PDG d'Orange a été condamné pour "harcèlement moral institutionnel". Si la peine prononcée en appel est allégée, cette décision de justice n'en demeure pas moins historique et pourrait faire jurisprudence.
L'ancien PDG de France Télécom, devenu depuis Orange, Didier Lombard, a été condamné en appel à un an de prison avec sursis pour harcèlement moral, a annoncé vendredi la cour d'appel de Paris, après une série de suicides de salariés chez France Télécom dans les années 2000.
La cour d'appel indique dans un communiqué que Didier Lombard a aussi été condamné à 15 000 euros d'amende. L'ancien numéro deux de France Télécom, Louis-Pierre Wenès, a été condamné en appel aux mêmes peines. "La cour a considéré le harcèlement institutionnel caractérisé", souligne la cour. Les deux dirigeants avaient été condamnés en 2019 en première instance à un an de prison dont huit mois avec sursis et 15.000 euros d'amende.
De la prison ferme en première instance
"En dépit d'alertes multiples, les agissements harcelants induits par l'objectif de déflation des effectifs imposé par les dirigeants ont créé un climat d'insécurité permanent pour tout le personnel, avec des conséquences en cascade, aboutissant pour un certain nombre de salariés à des dépressions, des tentatives de suicide et des suicides", poursuit la juridiction d'appel.
Les deux dirigeants avaient mis en place, à partir de 2006, deux plans de restructuration prévoyant le départ de 22000 employés et la mobilité de 10000 autres sur un total de 120000 employés. Pour y parvenir, tout un dispositif de méthodes particulièrement anxiogènes avait été développé et mis à disposition des cadres pour inciter au départ créant un important climat de souffrance au travail.
L'enquête avait porté sur 39 cas de salariés où 19 se sont donné la mort, 12 ont tenté de se suicider et 8 ont souffert de dépression ou été mis en arrêt de travail. L'un des techniciens avait dénoncé "un management par la terreur" avant de mettre fin à ses jours.
L'indépendant