Foot : L’équipe de France dans la tourmente à l’approche de la Coupe du monde 2022
À deux mois de ce grand rendez-vous sportif, les Bleus débutent leurs deux prochaines matches de ce Mondial dans un contexte tendu. Il s'agit notamment, des accusations de harcèlement à la Fédération française de football, des blessures en cascade, des tensions sur la question du droit à l’image des joueurs de l’équipe de France, une affaire d’extorsion visant leur star Paul Pogba, entre autres. Une atmosphère qui pourrait être préjudiciable à cette sélection.
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Dans l’histoire du football moderne, deux années ont été particulièrement traumatisantes pour ce sport, en France : 1993 avec l’affaire de corruption Marseille-Valenciennes et la non-qualification des Bleus pour le Mondial 1994 ; et 2010, avec la grève des joueurs à Knysna, en pleine Coupe du monde sud-africaine.
2022 sera-t-elle la nouvelle « annus horribilis » du foot tricolore ? Cela dépendra en partie des performances de l’équipe de France lors de la prochaine Coupe du monde, prévue du 20 novembre au 18 décembre au Qatar.
Mais pour défendre le titre gagné en 2018 en Russie, la sélection dirigée par Didier Deschamps va devoir composer avec une série exceptionnelle d’obstacles sportifs et de crises extra-sportives.
Des résultats en berne et des blessures en cascades
Le 22 septembre, l’équipe de France affronte l’Autriche à Saint-Denis, et le 25 septembre le Danemark à Copenhague, en Ligue des nations. Une compétition où elle reste sur deux défaites et deux nuls et où elle va surtout tenter de ne pas être reléguée en deuxième division. Un comble pour le tenant du titre.
Une mission d’autant plus périlleuse que l'équipe de France va être privée pour l’occasion d’une liste rarement vue de joueurs : Hugo Lloris, Théo Hernandez, Paul Pogba, Karim Benzema, Presnel Kimpembe, Ngolo Kanté, Lucas Hernandez, Kingsley Coman, Adrien Rabiot, Boubacar Kamara, Ibrahima Konaté et Lucas Digne. De quoi aligner un onze compétitif au Qatar.
« On va s’adapter, a néanmoins promis le capitaine Raphaël Varane. Je crois qu’il y a 14 blessés. C’est assez énorme ! Mais il ne faut pas être surpris, ça fait des années qu’on parle des calendriers surchargés [de matches, NDLR]. Cette saison, c’est encore plus intense que d’habitude. »
Tensions autour des Bleus
Gagner avec cinq novices en sélection (Randal Kolo Muani, Youssouf Fofana, Alban Lafont, Benoît Badiashile et Adrien Truffert), tout en préparant le Mondial 2022, devrait donc être l’unique préoccupation de Didier Deschamps. Mais le sélectionneur a vu un autre problème resurgir : l’opposition frontale entre sa superstar Kylian Mbappé et la Fédération française de football (FFF) sur la question du droit à l’image des joueurs lors des opérations commerciales organisée par la FFF. Un sujet sur lequel l’attaquant du Paris Saint-Germain semble avoir obtenu gain de cause, avec le soutien de ses coéquipiers. « Il y avait des discussions à avoir, a estimé Raphaël Varane. En tant que groupe, collectivement, on veut faire respecter le droit à l’image individuel de chaque joueur. C’est une demande légitime et logique. »
Le défenseur a aussi été interrogé en conférence de presse, ce 21 septembre 2022, sur son coéquipier Paul Pogba. Le milieu de terrain de 29 ans est au cœur d’une sordide affaire de tentatives d'extorsion se chiffrant à 13 millions d'euros. Un scandale qui implique un de ses frères, Mathias Pogba, mis en examen comme quatre autres personnes. Un dossier embarrassant pour le joueur de la Juventus Turin, qui tente désespérément d’être rétabli en vue de la Coupe du monde. « Je ne vais pas parler de la partie judiciaire, mais en tant que personne, c’est un ami et je le soutiens, a commenté Varane. Paul a face à lui des défis à relever, notamment cette blessure. On a envie de le voir sur le terrain, épanoui. »
Crise à la Fédération française de football
Paul Pogba est toutefois loin d’être le seul acteur du football français au cœur d’un feuilleton judiciaire. Le 8 septembre dernier, le magazine So Foot a publié une enquête accablant le président de la FFF, Noël Le Graët. Y sont entre autres évoqués, sur la foi de témoignages anonymes, des envois de SMS à caractère sexuel à des employées, dont plusieurs se sentaient « harcelées sexuellement, mais aussi moralement ». Qualifiée par le mensuel de « bateau à la dérive », entre guerre de clans et tensions au sommet, la Fédération a annoncé vouloir déposer plainte contre So Foot pour diffamation.
Le 16 septembre, c’est le ministère des Sports qui a diligenté une mission d’audit au sein de la toute-puissante institution. Amélie Oudéa-Castera « a rappelé qu'il était impératif que la FFF poursuive ses activités dans le respect absolu de tous les salariés, quel que soit leur niveau hiérarchique, et en veillant activement à la prévention et à la lutte contre toutes les formes de discriminations et en veillant activement à la prévention et à la lutte contre toutes les formes de discriminations et de violences, notamment sexistes et sexuelles », a indiqué un communiqué publié dans la foulée d’une réunion entre la ministre et Noël Le Graët.
Une situation dont le foot français se serait bien passé, alors que son homme en forme, Karim Benzema, favori pour le Ballon d’or 2022, a été condamné en novembre 2021 dans une affaire de chantage à la sextape datant de 2015, et que l’un des champions du monde 2018, Benjamin Mendy, est au cœur d’un procès en Angleterre pour de multiples accusations de viol.
« Ce qui m'intéresse, c’est ce que j'ai à faire avec mes joueurs »
Interrogé en conférence de presse sur la difficulté d’être responsable de football dans le contexte actuel quand on voit ce qu'il se passe depuis 10 jours, Didier Deschamps a préféré recentrer le débat sur son domaine : le terrain. « L'atmosphère, elle est ce qu'elle est. Je me focalise sur ce qui se passe en interne. Je suis coupé du monde extérieur. Ce qui m'intéresse, c'est ce que je vois, ce que j'ai à faire avec mes joueurs… »