A l’heure où les stations de sports d’hiver s’inquiètent de savoir s’il y aurait suffisamment de neige pour les vacances de février, il est un lieu qui n’en manquera pas : Encelade, un des satellites de Saturne, situé à 1,4 milliard de km du Soleil (quasiment dix fois plus loin que nous). Selon une étude parue dans la revue Icarus, l’astre serait recouvert d’une couche de neige atteignant par endroit 700 mètres, selon les estimations des chercheurs du Center for Earth and Planetary Studies (Smithsonian Institution, Washington, D. C.). L’origine de cette neige est connue : Encelade, environ 500 km de diamètre, est parcouru d’immenses geysers projetant dans l’espace des panaches essentiellement composés d’eau salée. Elle provient d’un océan caché sous l’épaisse couche de glace, et donc de neige, qui constitue la surface d’Encelade.
Les mêmes crevasses qu'en Islande
Une fraction part dans l’espace et va alimenter en glace l’un des anneaux de la planète, l’anneau E, le plus externe. Mais l’essentiel retombe à la surface, sous la forme d’une belle poudreuse dont il restait à estimer l’épaisseur. Pour cela, les chercheurs américains ont établi une correspondance avec l’Islande. L’île abrite des caractéristiques géologiques particulières, des crevasses engendrées par l’écoulement de roches, de glace ou de neige par des fissures situées dans le sol. Les images prises par la sonde Cassini en orbite autour de Saturne entre 2004 et 2017 ont révélé le même type de formations sur Encelade. En utilisant l’angle formé entre les rayons du Soleil et la surface du satellite, les chercheurs ont pu calculer la pente de ces crevasses remplies de neige et estimer ainsi leur profondeur. Ils se sont pour cela appuyés sur les mesures effectuées sur les crevasses islandaises.
Neige-t-il depuis 4,5 milliards d'années ?
Cette impressionnante quantité de neige laisse les chercheurs pantois. Etant donné le débit actuel des geysers, il leur faudrait environ 4,5 milliards d’années pour déposer une telle couche, soit l’âge du système solaire. Or, il serait surprenant que les geysers soient apparus si tôt et aient été aussi réguliers. Il faut donc plutôt supposer que le débit des geysers a été beaucoup plus important par le passé. Ou bien que d’autres phénomènes favorisant l’accumulation de neige auraient joué, comme des sources aujourd’hui disparues. Enfin, cette neige est peut être très peu dense, très poreuse, ce qui expliquerait qu'elle occupe un grand volume. Pour en savoir davantage, il faudrait envoyer un rover sur place. Mais nous savons désormais qu’il faudrait l’équiper de skis…
Sciences et Avenir