L’Arabie Saoudite va-t-elle être le prochain pays arabe à normaliser ses relations avec Israël, dans le sillage des Émirats arabes unis et du Bahreïn voisins, mais aussi du Maroc et du Soudan, qui ont franchi le pas il y a un an et demi dans le cadre des accords d’Abraham ?
“Possible, mais compliqué”, répondent les experts à cette “question à un million de dollars”, sur laquelle s’est penché le quotidien israélien Ha’Aretz.
Possible, car “il y a un dialogue économique et stratégique constant entre les deux pays”, explique le vice-président de l’American Foreign Policy Council à Washington, Ilan Berman. Un dialogue dont l’analyste américain a “bon espoir qu’il apparaisse au grand jour” :
“Bien que les Saoudiens n’aient jamais officialisé leurs relations diplomatiques avec Israël, les deux pays ont renforcé leur coopération en matière de sécurité et de partage de renseignements, en partie en raison de préoccupations communes concernant Téhéran.”
À ce titre, le journal israélien rappelle qu’Israël et l’Arabie Saoudite ont tous les deux participé le mois dernier à un exercice naval dirigé par les États-Unis, que le logiciel espion israélien Pegasus a été retrouvé sur les téléphones de plusieurs dissidents saoudiens, et que Riyad a autorisé le passage dans son espace aérien d’avions israéliens depuis la conclusion des accords d’Abraham.
Le nœud palestinien
Jusqu’à présent, Riyad entretient donc une “relation cachée avec Jérusalem tout en accordant ouvertement la priorité au soutien de la cause palestinienne”, résume le journal israélien. En effet, l’Arabie Saoudite écarte officiellement toute normalisation avec l’État hébreu avant un règlement de la question palestinienne.
Mais récemment, l’homme fort du royaume saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), a décrit Israël comme un “allié potentiel”.
L’inclination de MBS, qui tranche avec celle de son père, le roi Salmane, 86 ans, attaché à la question palestinienne, pourrait être insuffisante, observe Khaled Elgindy, chercheur au Middle East Institute, installé à Washington, cité par Ha’Aretz :
“Il est difficile d’imaginer les Saoudiens aller vers une normalisation [avec Israël] sans un pas significatif et tangible israélien sur le front palestinien, ce qui semble quasiment impossible dans le contexte actuel. Tous ces calculs pourraient changer après l’accession de MBS au trône. Mais même à ce moment-là, une normalisation avec Israël sans un changement important sur la Palestine sera difficile à vendre.”
Sans compter, notent certains experts, que les relations entre Riyad et Washington, qui avait parrainé les accords d’Abraham durant le mandat de Donald Trump, se sont refroidies depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche.
Courrier international