Violences en France: un bilan économique déjà très lourd
Après seulement quatre nuits de heurts, l’intensité des violences laisse entrevoir un bilan beaucoup plus lourd que lors des émeutes de 2005 ou du mouvement des Gilets jaunes.
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Dans de nombreuses villes, les émeutes urbaines ont lieu depuis six nuits, ce lundi 3 juillet, après la mort de Nahel à Nanterre le 27 juin. Nombre de véhicules incendiés, nombre de blessés, nombre d’attaques de bâtiments publics… On fait le point sur le bilan humain et matériel.
Un bilan déjà plus lourd qu’en 2005. Les pillages, les incendies, les attaques… la France a déjà vécu six nuits d’émeutes urbaines, ce lundi 3 juillet 2023, déclenchées après la mort de Nahel, tué lors d’un contrôle routier à Nanterre le 27 juin. En presque une semaine, le bilan humain et matériel a atteint, et même dépassé sur certains indicateurs, celui des émeutes de 2005, qui s’étaient pourtant déroulées sur trois semaines. Un point sur les dégâts.
3 243 interpellations
Depuis la première nuit d’émeutes, du 27 au 28 juin, jusqu’à ce lundi, 3 243 interpellations ont eu lieu lors des affrontements entre émeutiers et forces de l’ordre en France, selon les chiffres communiqués chaque jour par le ministère de l’Intérieur.
« Il y en a 60 %, sur ces 3 200, qui n’ont aucun antécédent judiciaire, qui ne sont pas connus des services de police » et « n’ont jamais fait l’objet d’un contrôle », a affirmé lundi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors d’un déplacement à Reims.
En revanche, le nombre d’arrestations a connu une baisse significative dans la nuit de dimanche au lundi, avec 157 personnes interpellées dans le pays.
En 2005, où la France a connu 21 jours consécutifs d’émeutes après la mort de Zyed Benna (17 ans) et Bouna Traoré (15 ans), au total, plus de 6 000 interpellations ont eu lieu, selon un bilan rapporté par L’Obs en 2006. Selon l’agence France-Presse (AFP), quelque 5 200 personnes avaient été interpellées en 2005.
Toujours dans la comparaison avec 2005, plus de 11 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés lors du pic des émeutes en 2005, alors que durant les trois dernières nuits (vendredi, samedi et dimanche) 45 000 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés.
5 000 véhicules incendiés, près de 1 000 bâtiments dégradés
En cinq nuits de violences urbaines jusqu’à dimanche matin, la place Beauvau a comptabilisé quelque 5 000 véhicules incendiés, 10 000 feux de poubelles, près de 1 000 bâtiments brûlés ou dégradés et 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries.
Les dégâts lors des émeutes en 2005 et en 2023
Les émeutes du 27 octobre au 17 novembre en 2005 et du 27 juin au 2 juillet 2023.
Si l’on met ces chiffres côte à côte avec ceux de 2005, ces dégâts sont déjà plus lourds qu’il y a presque vingt ans. En 2005, pendant les trois semaines d’émeutes, plus de 10 000 véhicules de toutes sortes ont été brûlés selon un bilan rapporté par L’Obs .
Également, 233 bâtiments publics et 74 bâtiments privés ont été détruits ou endommagés, d’après un avis du Conseil national des villes sur « les émeutes urbaines de novembre 2005 », publié en 2006.
700 membres des forces de l’ordre blessés, un mort civil en Guyane
Plus de 700 membres des forces de l’ordre ont été blessés, selon le ministère de l’Intérieur dimanche 2 juillet. Deux policiers ont ainsi été touchés à Paris « par ce qui pourrait s’apparenter à des tirs de plomb », selon une source policière, auprès de l’AFP. Et à Nîmes, un policier a été visé par un tir d’arme à feu et a été protégé par son gilet pare-balles.
À Cayenne, en Guyane, un homme de 54 ans a été touché par une balle perdue alors qu’il se trouvait à son domicile jeudi 29 juin, en marge des émeutes. Selon le procureur, « au moment où les forces de police se retiraient, un coup de feu a été tiré en direction des policiers […]. Un homme de 50 ans a été touché au thorax et est décédé quelque temps après ». Le quinquagénaire se trouvait sur un balcon lorsqu’il a été atteint. Il est décédé malgré l’intervention du Samu.
Une facture salée
Il est encore « trop tôt » pour chiffrer les dommages causés par les cinq dernières nuits de violences, comme l’a indiqué samedi le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, devant la presse. Mais ce type d’événement peut coûter cher aux assureurs.
Selon la fédération professionnelle France Assureurs, la facture était de 204 millions d’euros pour 10 000 sinistres, principalement des véhicules, après les émeutes de 2005 dans les banlieues.
Les manifestations des Gilets jaunes avaient occasionné 249 millions d’euros de dommages en 2018 et 2019, pour 13 000 sinistres, selon la même source.