Gérald Darmanin : « Si la police doit se réformer, elle ne doit pas servir de bouc émissaire »
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Lors d’une audition au Sénat sur les violences qui ont suivi la mort de Nahel le 27 juin, le ministre de l’Intérieur a provoqué la colère des syndicats de police en évoquant l’âge et le niveau d’études des policiers et gendarmes.
Un extrait de l’intervention du ministre de l’Intérieur devant la commission des lois du Sénat le 5 juillet, largement relayé sur Twitter, a provoqué l’émoi d’une partie de ses troupes : «Ce que nous recrutons, c’est souvent des enfants, pour reprendre votre mot, de 18, de 19, de 20 ans, qui n’ont pas fait de grandes études et qui choisissent le service de la nation par la police et la gendarmerie. Je ne suis pas à la tête du ministère de la Justice où les gens passent des concours à Bac +4, Bac +5.»
Auditionné à propos de la gestion des violences qui ont suivi la mort de Nahel, le 27 juin à Nanterre, Gérald Darmanin répondait ainsi aux questions de la sénatrice de Paris Marie-Pierre de La Gontrie (PS). «Faut-il mieux sélectionner les policiers ? Très certainement», admet-il, avant de dresser le portrait des policiers et gendarmes recrutés.
Cette prise de parole a fait polémique, notamment pour l’usage du mot «enfants», et l’évocation du niveau d’étude des agents. Sur Twitter, le hashtag #TousCrétinsdeDarmanin a été utilisé par des policiers offensés qui relaient la vidéo, vue plusieurs millions de fois sur Twitter.
«Mépris» et «méconnaissance» de Gérald Darmanin
De son côté, et toujours sur le réseau social, le syndicat Alternative Police, affilié à la CFDT, a contesté les propos du ministre : «De nombreux policiers sont surdiplômés par rapport au concours. Un diplôme ne peut être le seul critère pour faire un policier de valeur.» Dans un communiqué publié dimanche, l’Association nationale de police judiciaire s’est, pour sa part, dite «scandalisée et condamne avec fermeté ces déclarations». Elle s’insurge contre le «mépris» de Darmanin, et sa «méconnaissance» des policiers et gendarmes. «Il n’est pas acceptable d’entendre M. Darmanin déclarer qu’il est à la tête d’un ministère d’enfants illettrés, sans bagage universitaire ni capital social.»
Contacté par CheckNews, le ministère de l’Intérieur affirme qu’il n’y a «aucun mépris de la part du ministre qui, au contraire, a pu au cours de ces trois dernières années montrer le soutien et le respect qu’il porte [aux forces de l’ordre]». Son cabinet précise que le mot «enfants» est une citation «d’un parlementaire qui avait utilisé ce mot».
La parlementaire en question, la sénatrice LR du Nord Brigitte Lherbier, a effectivement utilisé le terme enfants, mais pour parler essentiellement des émeutiers («enfants délinquants»). Darmanin semble donc reprendre le mot «enfants» pour parler de ses recrues, dans le cadre d’un parallèle entre l’âge des jeunes policiers et celui des émeutiers.
Gérald Darmanin va-t-il revenir sur cette déclaration, à la suite des réactions des syndicats ? «Le ministre sera mardi matin à Oissel, à l’école de police, indique son cabinet. Si la question lui est posée, il aura l’occasion d’y répondre.»