«130 bébés prématurés risquent de mourir»
À Gaza, les enfants sont les premières victimes collatérales des bombardements incessants, piégés entre les deux feux du Hamas et de l’armée israélienne. Jason Lee, responsable de l'ONG « Save the Children » dans les territoires palestiniens occupés, craint que 130 nouveau-nés risquent de mourir à cause du manque de fuel.
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À Gaza, les enfants sont les premières victimes collatérales des bombardements incessants, piégés entre les deux feux du Hamas et de l’armée israélienne. Jason Lee, responsable de l'ONG « Save the Children » dans les territoires palestiniens occupés, craint que 130 nouveau-nés risquent de mourir à cause du manque de fuel.
RFI : Plus d’un million d’enfants habitent à Gaza, selon vos estimations. Dans quelles conditions vivent-ils actuellement ?
Jason Lee : Sur les 2,3 millions d'habitants de Gaza, la moitié sont des enfants. Ils ont dû fuir leur foyer avec leurs parents pour se mettre à l’abri dans des écoles. Mais il n’y a plus de nourriture ni d'eau.
Je vous donne l’exemple d’un campement dans le sud de Gaza, à Khan Younès, où 23 000 personnes se sont réfugiées. Ils ne disposent que de 16 sanitaires. Sans eau, impossible de garantir un minimum d’hygiène. Des maladies infectieuses y sont en hausse. Les eBeaucoup de familles ne mangent qu’un seul repas par jour. Un hôpital sur trois a cessé de fonctionner. Soit parce qu’il a subi des dommages, soit parce qu’il n’y a plus de carburant pour faire fonctionner les appareils. Quelque 50 000 femmes attendent leur accouchement, et les 130 bébés prématurés actuellement à Gaza risquent de mourir parce que les couveuses vont cesser de fonctionner.
Il n’y a pas un seul endroit sûr à Gaza, que ce soit dans le Nord ou dans le Sud, les bombardements continuent. Plus de 3 000 enfants ont déjà été tués, et sur les 18 500 blessés, un sur trois est un enfant.
Vos équipes se trouvent encore dans l’enclave palestinienne, les 25 travailleurs humanitaires de « Save the Children », peuvent-ils encore venir en aide aux enfants vulnérables malgré les bombardements ?
Au nom de tous les enfants de Gaza, je demande un cessez-le-feu immédiat. Il faut protéger la population civile. Deuxièmement, il faut un accès pour acheminer de l’aide humanitaire à Gaza. Les stocks de nourriture seront épuisés dans quelques jours. L'alimentation en eau n'est plus assurée. Les gens sont obligés de boire de l'eau souillée et de l'eau salée. Car les stations d'épuration ne fonctionnent plus. Les pompes à eau ne fonctionnent plus, parce qu'il n'y a plus de carburant. Nous estimons que la moitié des infrastructures qui fournissent de l'eau ont été endommagées par les bombardements.
Il faut donc un accès à Gaza pour fournir le nécessaire, mais il faut aussi que nous, les travailleurs humanitaires, puissions y aller. Afin d'identifier les enfants qui ont besoin de notre aide. Nous devons ouvrir des points de distribution. C'est vital ! 18 500 personnes sont blessées et ont besoin de soins. 2 000 enfants restent disparus, et nous pensons qu'ils sont sous les décombres.
Quel impact à long terme craignez-vous sur les enfants de Gaza, pris entre deux feux, entre le Hamas et l’armée israélienne ?
C’est très important en effet de penser aux conséquences à long terme sur la santé mentale et les besoins psychologiques de ces enfants. Les enfants en bas âge ne comprennent pas forcément ce qui se passe autour d’eux, mais ils voient, ils entendent et ils ressentent absolument tout ce qui se passe. Ils sont terrifiés. Toutes nos études démontrent l’impact de la violence et des conflits ont sur des enfants : ils sont plus anxieux que d’autres, ils sont plus souvent déprimés et se sentent abandonnés. Nous ne devons pas seulement prendre en compte les blessures physiques de ces enfants, mais aussi leur santé mentale. Ces enfants grandissent sans espoir et sans confiance dans l’avenir. Nous devons rétablir cet espoir et leur démontrer qu’il y a un ordre mondial basé sur le droit. Qu’il y a des lois et des obligations internationales qui protègent les enfants… et que TOUS les enfants y ont droit, peu importe qui ils sont et où ils vivent.