La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, a rejeté vendredi la requête additionnelle de l’Afrique du Sud contre Israël, qui a annoncé une offensive d’envergure contre Rafah, dans la bande de Gaza, estimant que l’État hébreu devait respecter les mesures déjà ordonnées.
Pretoria avait déjà saisi la CIJ, basée à La Haye, en soutenant que les opérations d’Israël à Gaza s’apparentaient à une violation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
La cour doit encore se prononcer sur ce point, mais le 26 janvier elle avait ordonné à Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre l’accès de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Mardi, les autorités sud-africaines avaient déposé un nouveau recours auprès de la CIJ, lui demandant d’ordonner de nouvelles mesures après l’annonce par Israël d’une prochaine offensive militaire sur Rafah, où plus de la moitié des 2,4 millions d’habitants de Gaza se sont réfugiés.
Dans leur décision de vendredi, les juges de la CIJ notent que « les événements intervenus tout récemment dans la bande de Gaza, et en particulier à Rafah, “entraîneraient une aggravation exponentielle de ce qui est d’ores et déjà un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales insondables”, ainsi que l’a indiqué le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies » Antonio Guterres, selon un communiqué.
Mais ils ajoutent que « cette situation alarmante exige la mise en oeuvre immédiate et effective des mesures conservatoires indiquées par la Cour dans son ordonnance du 26 janvier 2024, qui sont applicables à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris Rafah, et ne nécessitent pas l’indication de mesures additionnelles ».
« L’État d’Israël demeure pleinement tenu de s’acquitter des obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide et d’exécuter ladite ordonnance, notamment en assurant la sûreté et la sécurité des Palestiniens dans la bande de Gaza », rappellent encore les juges de la CIJ.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent de commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, le gouvernement israélien a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza. Au moins 28 775 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre dans le territoire palestinien, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé vendredi que son pays se coordonnera avec l’Égypte avant son opération militaire à Rafah.
Celle-ci sera menée « après nous être coordonnés avec l’Égypte », a-t-il assuré, ajoutant qu’Israël « tiendrait au courant » le président américain Joe Biden de l’offensive militaire.
Des centaines de milliers de Palestiniens ont fui le nord de Gaza jusqu’à Rafah à mesure qu’avançait l’armée israélienne en faisant la guerre au Hamas.
La frontière avec l’Égypte étant fermée, quelque 1,5 million de Palestiniens sont coincés dans la ville surpeuplée.
Le Devoir