À Gaza fin janvier, une petite fille, coincée dans une voiture avec le cadavre de ses proches, a perdu la vie après plus de trois heures passées au téléphone avec une opératrice du Croissant-Rouge.
À Gaza, les dernières heures de la petite Hind Rajab ont ému le monde entier. Les enregistrements d'une conversation téléphonique entre la petite fille âgée de seulement 6 ans et une opératrice du Croissant-Rouge palestinien font froid dans le dos. Ce lundi 29 janvier, Hind est seule dans une voiture, aux côtés des cadavres de six membres de sa famille. Durant trois heures, elle est entourée par des chars israéliens qui auraient ouvert le feu, raconte France Info.
Ce jour-là, le Croissant-Rouge de Ramallah, en Cisjordanie occupée reçoit un appel de Layan, la cousine de Hind, âgée de 15 ans. Omar, l'opérateur entend des tirs et assiste en direct à la mort de l'adolescente. "J’étais en dissociation, comme si mon esprit avait quitté mon corps, je n’arrivais pas à comprendre ce à quoi je venais d’assister", raconte le bénévole.
"Il y a du sang partout"
Quelques instants plus tard, il reprend l'appel. Cette fois-ci, c'est Hind qui est au bout du fil. Pendant 10 minutes, "elle a su m'expliquer qui était autour d’elle dans la voiture", se rappelle Omar. Quand il comprend que la petite fille est entourée de six cadavres, il ne "peut plus continuer". C'est alors sa collègue Rana qui prend le relais.
L'appel durera trois heures. Durant cette conversation, "un bruit de drone et des tirs de temps en temps" se font entendre, selon l'opératrice du Croissant-Rouge. "Imaginez la scène, une petite fille dans une voiture pleine de cadavres", raconte-t-elle. "Parfois, elle me disait 'ils sont tous en train de dormir'. Et à d'autres moments, 'ils sont tous morts, il y a du sang partout, il y a des tirs'", rapporte-t-elle.
"Je n’ai jamais été autant touchée"
"Sa voix était pleine de tristesse et de détresse", se souvient l'opératrice. Au moment où la nuit tombe, la fillette lui dit alors qu'elle a peur du noir. "Elle m'a demandé de lui promettre que j'allais la sortir de là", explique-t-elle. "Elle m'a dit : 'Dans combien de temps tu seras là ?' J'ai répondu 'une heure'. Finalement, une heure et demie s'est écoulée et nous n'avions toujours envoyé personne.
Les heures passent et l'enfant insiste ''Tu m'avais pourtant dit que tu serais là dans une heure ! Où es-tu ?". L'opératrice explique qu’il faut du temps pour organiser la coordination avec Israël. La petite fille demande la signification du mot "coordination". "Ça fait 13 ans que je travaille dans le sauvetage et le secourisme, je n’ai jamais été autant touchée", témoigne Rana.
"Elle était presque au niveau de Hind"
Finalement, le Croissant-Rouge reçoit l'accord de l’armée israélienne pour envoyer une ambulance à l'endroit où se trouve Hind. "On était toujours en ligne avec elle. Et tout d’un coup, on a entendu des tirs", raconte-t-elle. "Jamais on n’aurait pensé que c’était l’ambulance qui était ciblée, elle était presque au niveau de Hind".
Peu avant 18h, les communications sont coupées avec la petite fille et les secouristes. Les deux ambulances n'arriveront pas. "On est restés sans nouvelles durant 12 jours", déplore Rana. Toujours selon France Info, le 10 février, le corps de la fillette est finalement retrouvé, aux côtés de ceux de ses proches et de deux ambulanciers qui étaient partis à son secours.
Midi Libre