Mouvement pro-palestinien sur les campus américains: arrestations à Boston et en Arizona
Une centaine de personnes ont été interpellées à Boston, alors que les mouvements de protestation contre la guerre à Gaza se généralisent sur les campus américains.
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La tension reste électrique sur les campus américains, où le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise à travers le pays. Samedi, une centaine de manifestants pro-palestiniens ont été brièvement interpellés sur le campus d'une université de Boston et 69 autres arrêtés pour "intrusion" sur un campus d'Arizona.
Aux États-Unis, une centaine de manifestants pro-palestiniens ont été brièvement interpellés, samedi 27 avril, par des policiers anti-émeute dans une université de Boston et 69 autres arrêtés pour "intrusion" sur un campus d'Arizona, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui s'étend aux États-Unis.
Partie il y a dix jours de la prestigieuse université Columbia à New York, cette nouvelle vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza a gagné nombre d'établissements, de la Californie à la Nouvelle-Angleterre (nord-est) en passant par le sud du pays.
Les forces de l'ordre de l'université d'État d'Arizona (ASU) ont "arrêté 69 personnes samedi après l'installation d'un campement non autorisé", a indiqué l'établissement dans un communiqué en accusant la "plupart de ne pas être étudiants ou membres du personnel de l'ASU".
Ces personnes seront "poursuivies pour intrusion illégale".
À l'autre bout du pays, à Boston, la Northeastern University a annoncé sur X (ex-Twitter) "l'interpellation d'environ 100 individus par la police ; les étudiants qui ont présenté leurs cartes de Northeastern U ont été libérés (...) Ceux qui ont refusé ont été arrêtés".
Des "insultes antisémites violentes" telles que "tuer des juifs" avaient été proférées sur le campus selon l'université, qui a annoncé un "retour à la normale" à la mi-journée.
Là aussi, un campement "illégal" a été démantelé à l'aube par des policiers en tenue anti-émeute et l'université a accusé des "organisateurs professionnels" d'avoir "infiltré une manifestation étudiante".
Village de tentes
Par ailleurs, la présidence de Columbia, épicentre new-yorkais de la mobilisation estudiantine, a annoncé dans la nuit avoir renoncé à faire évacuer par la police de New York un "village" de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus.
Un dirigeant du mouvement y est toutefois interdit d'accès après des menaces antisionistes sur une vidéo en janvier. Le jeune homme a présenté par la suite ses "excuses", selon CNN, qui décrit le campus comme "relativement calme" samedi. La situation s'est en revanche tendue à l'université de Pennsylvanie (UPenn), dont la présidente avait dû démissionner cet hiver après des déclarations devant le Congrès à Washington jugées ambiguës sur la lutte contre l'antisémitisme.
À la suite d'"informations crédibles de cas de harcèlement et d'intimidation", la présidence a ordonné le démantèlement immédiat d'un campement.
Et en Californie, l'université polytechnique de Humboldt restera "fermée" pour le reste du semestre en raison de "l'occupation" de deux bâtiments, selon un communiqué.
Policiers anti-émeute
Les images de policiers anti-émeute interpellant des étudiants, à l'appel de dirigeants d'universités, ont fait le tour du monde.
Elles font écho au soulèvement de campus américains durant la guerre du Vietnam. Voire au souvenir douloureux lorsque la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu en mai 1970 à l'université d'État de Kent, tuant quatre étudiants pacifiques.
Le mouvement de solidarité avec Gaza a pris une tournure très politique à sept mois de la présidentielle américaine, entre allégations d'antisionisme et d'antisémitisme et défense de la liberté d'expression, un droit constitutionnel aux États-Unis.
Le pays compte le plus grand nombre de juifs au monde derrière Israël (quelque six millions) et aussi des millions d'Américains arabo-musulmans.
Cette semaine à travers les États-Unis – notamment en Californie et au Texas – nombre d'étudiants et activistes pro-palestiniens ont été interpellés et le plus souvent relâchés sans poursuites en justice.
Et dans ces rassemblements pour Gaza de nombreux étudiants juifs, souvent de gauche, soutiennent activement la cause palestinienne, keffieh sur les épaules, dénonçant aux aussi un "génocide" perpétré par Israël contre les Palestiniens.
Mais beaucoup d'autres jeunes juifs américains expriment leur malaise, et même leur peur, face à des slogans jugés antisémites.
Ainsi, Skyler Sieradzky, 21 ans, étudiante à l'université George Washington de la capitale a affirmé s'être fait cracher dessus en arrivant cette semaine avec un drapeau israélien.
"Ils nous traitent de terroristes (...) Mais le seul outil dont nous disposons sont nos voix", a répondu "Mimi", étudiante à Columbia lors d'un rassemblement pro-palestinien.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, et qui a entraîné la mort de 1 170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire a fait 34 388 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.