Les prix des céréales sont redescendus des sommets, après six mois de guerre en Ukraine
« C'est presque un retour à la case départ » : six mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, blé et maïs se rapprochent de leurs prix d'avant-guerre, dans un marché qui retrouve « un point d'équilibre ».
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Sur le marché des céréales, il y a comme un vent de normalisation qui souffle depuis le mois de juin. Le retour à la case départ d’avant-guerre n’est pas encore d’actualité, mais cet été, certains en ont rêvé. C’est particulièrement vrai pour le blé, qui avait atteint 440 euros la tonne sur le marché européen au milieu du mois de mai, et qui est redescendu à 330 euros mi-août.
La détente sur le marché du soja et du colza est de moins en moins d’actualité, mais les cours ont aussi connu un répit cet été. Le marché du maïs reste le plus incertain. S’il s’est aussi rapproché des prix d’avant-guerre, l’inquiétude sur la récolte européenne et américaine suite aux sécheresses constitue aujourd’hui un véritable facteur de tension.
Normalisation ou simple répit ?
« La hausse des prix du blé n’avait pas grand sens, et n’était guère que psychologique », explique François Luguenot expert du marché des matières premières agricoles. Autrement dit une hausse liée à l’inquiétude du marché dans une situation de guerre anxiogène, et qui laisse place aujourd’hui à une baisse tout aussi psychologique selon notre interlocuteur.
Ce qui a contribué à inverser la tendance c’est notamment l’impression d’une normalisation des flux logistiques, grâce à l’accord signé entre Russie et Ukraine le 22 juillet. Pourtant les volumes transportés sont toujours nettement en deçà des flux habituels. C’est essentiellement du maïs qui est sorti d’Ukraine et non pas du blé, et la mer noire n’est pas redevenue l’autoroute qu’elle était même si selon l’ONU 21 vraquiers ont quitté les ports ukrainiens dans les deux premières semaines du mois d’août.
Les volumes de blé sur le marché n’ont donc pas bondi, mais les petites avancées sur le front logistique et les perspectives de retrouver un rythme de croisière pour les exportations de la région ont suffi à rassurer. La perspective d’une récolte russe record est aussi un facteur de baisse. Mi-août le ministère américain de l’Agriculture a évalué le volume de blé russe à 88 millions de tonnes dont 42 destinées à l’export. Le cabinet Agritel avance même un volume de 95 millions de tonnes. Mais pour l’heure, ce blé russe n’a pas inondé le marché.
La demande chinoise reste déterminante
Cet apparent retour à l’équilibre est donc à prendre avec prudence. Le marché devrait rester très volatil dans les mois qui viennent au vu de l’incertitude géopolitique, et des risques climatiques.
Certes les pays importateurs de céréales et de blé en particulier ont profité de l’accalmie de l’été pour faire des achats -certains comme l’Égypte avaient gelé des appels d’offres quand le blé était au plus haut-, mais les prix restent très élevés à cause des coûts de l’énergie, des engrais et du fret maritime. Ils sont aussi soumis à l’incertitude chinoise.
Le niveau d’importation de céréales de l’Empire du Milieu est tout aussi imprévisible que déterminant pour les cours.