Services pédiatriques saturés : les soignants somment Emmanuel Macron d’agir en urgence
Dans un texte, quatre mille soignants en pédiatrie mettent notamment en avant "la perte de sens des soignants conséquence de la gouvernance bureaucratique et de la tarification à l'activité, conduisant à un épuisement global et un départ massif des personnels hospitaliers."
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Hospitalisations d'enfants dans des lieux non adaptés, transferts éloignés, reports d'interventions chirurgicales programmées, sorties prématurées d'hospitalisation... Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron publiée dans Le Parisien , quatre mille soignants en pédiatrie dénoncent la saturation des services pédiatriques hospitaliers, résultats d'une «inaction politique irresponsable».
Les dégradations des conditions de travail conduisent à «des retards de soins» et à «la mise en danger des enfants», alertent-ils. Dans ce cadre, l'épidémie de bronchiolite sature des services déjà «exsangues», alors qu'«un nombre toujours plus important de postes de personnels paramédicaux et médicaux sont vacants».
Les signataires de la tribune mettent en avant «la perte de sens des soignants, conséquence de la gouvernance bureaucratique et de la tarification à l'activité, conduisant à un épuisement global et un départ massif des personnels hospitaliers». Ils exigent du président de la République «des mesures urgentes et pérennes favorisant le retour des personnels soignants dans les hôpitaux auprès de nos enfants». Il faut «agir en urgence», alertent-ils.
12 régions en phase épidémique de bronchiolite
Cette tribune survient dans un contexte d'alerte nationale sur la multiplication des bronchiolites, maladie respiratoire qui touche les plus petits. Près de 3000 enfants de moins de 2 ans sont passés par les urgences durant la seule semaine du 10 au 16 octobre. C'est plus de 50% par rapport à la semaine précédente. Près d'un millier s'entre eux ont été hospitalisés.
Vendredi, Santé Publique France a annoncé dans son point hebdomadaire que 12 régions sont désormais placées en phase épidémique : Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Guyane, Normandie, Pays de la Loire, Hauts-de-France, Île-de-France et Nouvelle-Aquitaine.
En région parisienne, certains services débordés ont été contraints de transférer leurs jeunes patients. Quelques-uns sont à plus de 200 kilomètres de leurs parents. La directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, Amélie Verdier, reconnaissait auprès de l'AFP jeudi «des tensions fortes» dans les services pédiatriques franciliens. «À ce jour, 14 transferts en réanimation pédiatrique ont été effectués vers d'autres régions, orientés en particulier vers Amiens et Rouen», a-t-elle indiqué.
«Nous déployons donc tous nos efforts», affirme le ministre
«Il y a un problème et nous le savons», a réagi samedi matin la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, interrogée sur franceinfo. «Nous comptons sur la solidarité entre les hôpitaux, sur la solidarité avec la médecine de ville et travaillons à l'ouverture plus prolongée le soir des maisons médicales de garde», a affirmé Agnès Firmin Le Bodo, précisant apporter le «soutien» du gouvernement aux soignants.
«Le Ségur de la santé a permis de revaloriser les professions de santé, c'était un rattrapage, nous savons qu'il faut encore travailler sur l'hôpital», a-t-elle concédé. «L'hôpital ne va pas bien depuis de très nombreuses années», a-t-elle ajouté.
Plus tard dans la journée, le ministre de la Santé François Braun a appelé «tous les Français à la vigilance» sur Twitter, les invitant aussi à «appeler le 15, avant de se rendre aux urgences avec leur enfant, car très souvent, une prise en charge hospitalière n'est pas nécessaire».
Elle a appelé à la «responsabilité de chacun», en particulier des parents, pour «se protéger face aux épidémies hivernales», par les gestes barrière et la vaccination contre le Covid «y compris pour les enfants». En Outre-mer, seule la Guyane est pour le moment touchée mais Mayotte, la Guadeloupe et la Martinique sont en phase pré-épidémique.
«Nous déployons donc tous nos efforts, avec les ARS et les hôpitaux, pour accompagner les enfants et leurs parents», a-t-il déclaré. «Aux pédiatres et aux équipes mobilisées (...) je veux dire que nous allons tout mettre en œuvre pour vous soutenir, à court terme face à l'urgence, mais aussi à plus long terme pour bâtir ensemble l'avenir de la pédiatrie dans notre pays».