Arabie saoudite : l’ancien imam de la Grande Mosquée de La Mecque condamné à dix ans de prison
L’ancien imam et prêcheur de la Grande Mosquée de La Mecque, Saleh al-Taleb, a été condamné cette semaine à dix ans de prison, a annoncé l’organisation de défense des droits humains DAWN lundi sur son compte Twitter.
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Cheikh Saleh al-Talib a été arrêté en août 2018 sans explication officielle après avoir prononcé un sermon critiquant l’organisme gouvernemental de réglementation de l’industrie du divertissement, selon des organisations de défense des droits humains
Un tribunal saoudien a condamné un ancien imam de premier plan de la Grande Mosquée de La Mecque à dix ans de prison.
La cour d’appel pénale spécialisée de Riyad a prononcé cette sentence contre le cheikh Saleh al-Talib après avoir annulé un précédent acquittement, a déclaré lundi le groupe américain de défense des droits de l’homme Democracy for the Arab World Now (Dawn).
Les autorités saoudiennes ont arrêté Talib pour la première fois en 2018 sans donner de justification. Le cheikh avait peu avant prononcé un sermon qui critiquait l’Autorité générale du divertissement, un organisme gouvernemental chargé de réglementer l’industrie dans ce domaine, selon des militants.
« [C’est] une ironie flagrante qui indique que l’oppression [orchestrée par] MBS menace tous les groupes »
- Abdullah Alaoudh, porte-parole de Dawn
Talib condamnait les concerts et les événements qui, selon lui, enfreignaient les normes religieuses et culturelles du pays.
Le cheikh Saleh al-Talib est suivi par des milliers de personnes à travers le monde qui regardent ses sermons et récitations du Coran sur YouTube.
Son arrestation intervient alors que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (surnommé MBS) s’efforce de réformer la société saoudienne et de diversifier l’économie du royaume, dépendante du pétrole.
Depuis que MBS a pris le pouvoir de facto en devenant prince héritier, des organisations de défense des droits de l’homme affirment que les autorités ont arrêté des dizaines d’éminents religieux et imams qui critiquent son programme de réforme.
Parmi eux figure Salman al-Ouda, qui a appelé le peuple saoudien à se réconcilier avec son voisin qatari après le blocus régional imposé par Riyad en 2016.
Dawn, association fondée par le journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi, a confirmé la condamnation de Talib sur Twitter.
Abdullah Alaoudh, son porte-parole, a condamné la sentence et déclaré qu’elle faisait partie d’un schéma croissant d’emprisonnement de personnalités religieuses qui dénoncent les réformes poursuivies par le prince héritier.
« La condamnation de l’imam Saleh al-Talib de la Grande Mosquée à dix ans de prison pour avoir critiqué les changements sociaux [dans le royaume] et la condamnation de la militante Salma al-Shehab à 34 ans de prison pour avoir appelé à de véritables réformes sociales constituent une ironie flagrante qui indique que l’oppression [orchestrée par] MBS menace tous les groupes », a déclaré Alaoudh, qui est le fils de Salman al-Ouda.
« Ce qui est commun à tous les prisonniers politiques, y compris l’imam al-Talib, c’est qu’ils ont exprimé pacifiquement leurs opinions et ont été arrêtés pour cette raison. Cette répression devrait s’arrêter contre tout le monde [sans] aucune exception. »
Salma al-Shehab, une des critiques du gouvernement récemment arrêtés, a été condamnée la semaine dernière à 34 ans de prison suivis de 34 ans d’interdiction de voyager pour avoir retweeté et suivi des dissidents et activistes sur son compte Twitter privé. Il s’agit de la plus lourde peine dans le royaume pour une activiste pacifique.