Emmanuel Macron rejette l'adhésion rapide de l'Ukraine à l'Union européenne
Une adhésion, peut-être, mais qui n’arriverait pas avant « plusieurs années » voire « plusieurs décennies » : s’exprimant devant le Parlement européen lors de la Journée de l’Europe, lundi 9 mai, Emmanuel Macron a douché les espoirs des partisans d’une entrée rapide de l’Ukraine dans l’Union européenne (UE).
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L’Ukraine, par son combat et son courage, est d’ores et déjà aujourd’hui membre de cœur de notre Europe, de notre famille, de notre union. Mais même si nous lui accordions demain le statut de candidat (…) à l’adhésion (…), nous savons tous parfaitement que le processus (…) prendrait plusieurs années, en vérité sans doute plusieurs décennies, sauf à ce que nous décidions de baisser les standards de cette adhésion et donc de complètement repenser l’unité de notre Europe, et parfois les principes au nom desquels nous sommes exigeants à l’égard de certains de nos propres membres. Et nous y tenons tous.
« L’Union européenne, compte tenu de son niveau d’intégration et d’ambition, ne peut pas être à court terme le seul moyen de structurer le continent européen », a ajouté le président français, qui a alors proposé la création d’une « communauté politique européenne ». « Cette organisation européenne nouvelle permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération », a déclaré M. Macron à l’occasion de la clôture de la conférence sur l’avenir de l’Europe.
Kiev fixé sur son statut de candidat à l’UE en juin
Plus tôt dans la journée, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé que Bruxelles donnerait son avis « en juin » sur la possibilité d’ouvrir le long processus de négociations. « Nous attendons avec impatience de recevoir les réponses [de l’Ukraine] au questionnaire d’adhésion à l’UE. La Commission européenne de l’UE a l’intention de rendre son opinion en juin », a-t-elle tweeté.
L’UE a lancé le 7 mars la procédure d’examen des demandes d’adhésion déposées par l’Ukraine, mais aussi par la Géorgie et la Moldavie, à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exprimé le 18 avril l’espoir d’obtenir pour son pays ce statut de candidat « dans les semaines à venir ». Il avait remercié Bruxelles de sa rapidité, notant qu’habituellement, l’obtention du statut de candidat à l’UE « prend des années ». M. Zelensky avait alors transmis à l’ambassadeur de l’UE en Ukraine, Matti Maasikas, deux volumineux dossiers constituant la demande d’entrée dans l’UE. Lors d’un sommet en mars à Versailles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE avaient exclu toute adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE, tout en ouvrant la porte à des liens plus étroits.
Un processus d’intégration au long cours
Une fois l’avis de la Commission exprimé, commencent des discussions entre le pays candidat et l’exécutif européen, avant l’ouverture de négociations officielles d’adhésion qui nécessitent un accord à l’unanimité des Vingt-Sept.
L’intégration à l’UE est un processus au long cours pour rapprocher la législation du pays candidat du droit européen. Il nécessite des négociations complexes sur de nombreux sujets et des critères difficiles à respecter pour un pays en guerre, comme la stabilité politique et une économie de marché viable. Cinq pays sont actuellement officiellement candidats à l’UE : la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie et la Turquie.
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