À deux ans des Jeux olympiques, les principaux défis pour Paris 2024
A moins de trois ans de la cérémonie d’ouverture, plusieurs obstacles restent à lever afin que tout soit prêt et que les Jeux de Paris se déroulent en toute sérénité en 2024. Ainsi, la fête sera totale !
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Editorial du « Monde ». Après Tokyo, le drapeau olympique flotte depuis lundi sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, officialisant le choix de la capitale française pour les prochains Jeux olympiques (JO) d’été, qui s’ouvriront dans trois ans à peine, le 26 juillet 2024. Pour Paris, qui n’a pas accueilli les Jeux depuis 1924, mais aussi pour la France qui ne les a organisés que cinq fois depuis leur renaissance en 1894, ce compte à rebours désormais lancé représente une série considérable de défis.
Coup de projecteur planétaire sur un pays prestigieux menacé de déclin et sur sa capitale qui fait toujours rêver partout dans le monde, adhésion populaire à une grande machinerie sportive à l’heure du localisme et de la sobriété, promotion de la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus cosmopolite de France… Les JO de Paris constituent une exceptionnelle occasion, non seulement de mettre en valeur le pays et sa diversité, mais aussi de faire rêver et de rassembler des Français que l’anxiété sanitaire porte à la division et au repli.
Plus prosaïquement, la réussite des Jeux de Paris suppose que soient menés à bien en temps et en heure les chantiers prévus pour les accueillir dignement, et que les athlètes français y brillent, confirmant le rôle mobilisateur d’une pareille échéance pour le sport national. Or des regrets ou des inquiétudes se font jour sur ces deux plans.
Un échec cuisant
Si les principales constructions neuves, comme l’Arena de la porte de La Chapelle, à Paris, ainsi que le village des athlètes et le centre aquatique à Saint-Denis, sortent de terre dans les temps, le retard pris par le chantier des nouvelles lignes de métro qui doivent desservir Le Bourget a obligé les organisateurs à revoir l’implantation de certaines compétitions et d’un centre de presse. Alors que l’agglomération parisienne piaffe depuis plus d’une décennie pour organiser les Jeux et que la desserte de la banlieue nord par le Grand Paris Express est cruciale pour les habitants, c’est un échec cuisant.
Quant à la moisson de médailles espérée pour la France, elle apparaît tout sauf certaine. Certes, les performances des sportifs français à Tokyo en basket, handball et volley représentent un exploit inédit. Que les Français brillent dans ce triptyque « BHV », ces sports largement pratiqués dans le cadre scolaire et dans les clubs, est un hommage aux professeurs d’éducation physique et sportive et aux bénévoles. C’est aussi une bouffée d’air pour des milliers d’associations sportives qui ont souffert de la crise sanitaire.
Pourtant, le triomphe des « sports co » français est l’arbre qui cache la forêt. Les échecs en athlétisme, natation, boxe et cyclisme n’ont pas permis d’atteindre la « quarantaine de médailles » espérée par Emmanuel Macron à l’ouverture de Jeux de Tokyo. Avec 33 récompenses, la France se classe huitième au tableau des médailles, loin derrière la Royaume-Uni – 65 médailles –, qui s’affirme depuis les Jeux de Pékin en 2008 comme la principale puissance olympique européenne.
Tandis que le modèle sportif britannique privilégie l’élite et les sports pourvoyeurs de médailles, le français donne la priorité à la pratique sportive pour tous. Mais les succès tricolores accumulés dans les sports de salle comme le handball, où la professionnalisation s’est accentuée en France, invitent à la réflexion. A trois ans des Jeux de Paris, il est temps de tirer les enseignements du succès en demi-teinte de Tokyo.